Le souffle de la nuit - Alexandre Galien
Le souffle de la nuit
Alexandre Galien
Éditions Michel Lafon / 2020
316 pages
J’avais beaucoup apprécié « Soleil levant », du même auteur, malgré une certaine difficulté à entrer complètement dans son univers. Mais je dois aussi admettre que j’avais largement été récompensé par la suite. Ici, le problème ne se pose même pas. J’ai été happé dès les premières pages. C’est très « flic », cash et ça ne badine pas.
Un corps bien mutilé est découvert en pleine nuit dans les profondeurs du bois de Vincennes. Il s’agit du commandant d’un groupe de la PJ, celui qui s’occupe des crimes liés à la prostitution et traite d’êtres humains. Un tueur de flics est donc dans la place.
J’ai lu cette intrigue comme on savoure un bon polar au cinéma. Le récit est véritablement cinématographique. L’auteur nous laisse avec les flics de la PJ parisienne qui, sans le savoir, nous prennent sous leurs ailes, tout au long de leur enquête, pour nous montrer leur job. On retrouve ici Philippe Valmy, qui peine à faire face à une vie qui l’a giflé sans aucune retenue.
J’ai apprécié les personnages qui ne sont pas des héros, encore moins des super-héros, mais des hommes et des femmes dotés d’une conviction profonde, d’une remarquable persévérance et d’une grande empathie, qui s’engagent dans un boulot aussi nécessaire que souvent frustrant et ingrat : flic.
Alexandre Galien excelle dans l’art de donner vie à ses protagonistes. Son écriture, aussi fluide que cash, frappe par sa pertinence. Les interactions sont aussi précises que naturelles. L’auteur sait faire parler des flics, c’est indéniable.
L’auteur nous plonge dans le monde sordide et sans pitié de la traite d’êtres humains, établissant un parallèle avec le Nigeria, pays regorgeant de candidates potentielles, destinées à être dispersées vers diverses directions qui finissent immanquablement vers l’enfer. Un gouffre inextricable qui - enlevons nos oeillères ! - n’est jamais vraiment loin de chez vous.
Alexandre Galien déploie un scénario qui n’a vraiment rien de réjouissant, car véritablement ancré dans la réalité. Eh oui, si vous l’ignoriez encore - presque pas possible -, la vraie vie se révèle parfois - souvent ? - moche, décevante, très frustrante et profondément injuste (!!), bien plus que ce que certaines fictions osent dépeindre.
La raison d’Etat vous écrasera à chaque fois. De ce côté-là, il n’y a jamais vraiment un grand suspense.
À lire !