Un coup dans les urnes - Julien Hervieux
Un coup dans les urnes
Julien Hervieux
Éditions Alibi / 2022
220 pages
Me voici embarqué dans un univers qui me plaît et qui me parle, le milieu du trafic de stups. D’entrée de jeu, l’auteur annonce la couleur et pose le décor en nous présentant deux associés qui semblent avoir mis en place un commerce bien installé, bien rodé, maîtrisant tous les rouages du système.
Fin de l’histoire ? Non … Il y aura bien quelques grains de sable qui vont se glisser sournoisement dans ce mécanisme …
C’est sombre et sans concession. Dans ce domaine, presque tous les coups sont permis et on ne sait pas toujours d’où ils viennent et qui les donnent. La politique suit les mêmes règles et ce n’est pas par hasard qu’elle viendra s’entremêler à cette histoire !
Julien Hervieux frappe assez juste en mêlant ces deux univers qui utilisent l’enfumage pour arriver à leurs fins. Les personnages qui évoluent dans cette histoire vont un peu près tous se tenir par les burnes, et bien fort. Lorsque deux mondes pas trop réglo - crime et politique - se côtoient et « s’utilisent », ça ne peut que merder.
Mais qui tient vraiment qui ? Le lecteur aura l’honneur de vivre et de voir un véritable combat de coqs.
Mise à part ça, je dois dire que l’auteur, par la parole de ses protagonistes, énonce de profondes et belles vérités qui risquent de bousculer certains. Retirer ses œillères n’améliore pas nécessairement la vision mais permet par contre de voir avec justesse ! Ici, pas d’hypocrisie.
L’auteur démontre clairement à quel point le milieu politique peut être hypocrite, sournois et déplorable. Avec ses personnages dotés d’une impressionnante puissance de frappe et d’un caractère bien trempé, il nous explique avec finesse comment la classe dirigeante, ne se chargeant pas inutilement d'éthique, peut s’approprier tout ce qu’elle désire, en enfumant un peu tout ce qui se trouve sur son passage Cela donne limite la nausée. Et c’est tellement vrai …
Cette histoire parle d’argent, de beaucoup d’argent, de pouvoir et d’influence. Ces piliers, qui fascinent et gouvernent la majorité des hommes depuis la nuit des temps, sont disséqués par un auteur dont l'honnêteté tranchante se fait dénonciatrice. J’aime énormément le ton !
Heureusement que le cynisme n’est pas une maladie mortelle. La moitié des personnages de ce récit seraient déjà morts depuis bien longtemps !