Pottsville, 1280 habitants - Jim Thompson
Pottsville, 1280 habitants
Jim Thompson
Éditions Rivages / 2016
Edition originale / 1964
271 pages
Je suis resté sur ma faim après avoir lu « Le démon dans ma peau », de Jim Thompson, ceci pour diverses raisons (ma chronique du 19 novembre).
Une personne, appréciant la noirceur des bouquins de cet auteur, m’a suggéré de découvrir ce récit, me permettant éventuellement d’avoir une perception différente sur l’univers de cet écrivain. Et ?
Et bien, je dois admettre que c’est un récit intelligent, malin et très humain que j’ai pu découvrir. Nous sommes confrontés à un shérif qui œuvre dans une minuscule ville des États-Unis, au début du XXème siècle. C’est lui qui nous parle, c’est lui qui nous dit tout.
Le profil de ce personnage est déconcertant dès le départ. Nous avons affaire à un homme serviable, peut-être naïf, bon et, soyons honnêtes, d’apparence très limité, pas vraiment futé. Evidemment, les gens en profitent, à commencer par son entourage, la population, ou encore certains de ses collègues. Va-t-il cependant faire des courbettes encore longtemps … ?
Bon Dieu, ce gars m’a vraiment fasciné, mais je ne peux évidemment pas vous dire précisément pourquoi car c’est le point fort du bouquin. Bon, allez, je vous dis tout de même ceci : quel putain de discernement ! C’est très troublant. Ce type anticipe mais on ne sait jamais vraiment s’il le fait exprès ou non. C’est assez déstabilisant.
Et quel style ! L’auteur pourrait certainement vous choquer si vous êtes un tantinet trop sensibles. Si la ségrégation raciale ou le traitement de « faveur » réservé aux femmes vous heurtent, par-exemple, passez votre chemin et allez lire des romances.
Je ne crois pas - à mon grand regret ! - que ce style d’écriture passerait encore aujourd’hui, étant donné qu’on place des muselières de « convenance » de plus en plus serrées sur l’expression des auteurs. Navrant.
Alors oui, c’est très noir, c’est cash, c’est violent. Mais c’est aussi profondément humain et touchant. Et, selon moi, pour toucher un lecteur, il ne faut pas mettre de gant. Jim Thompson, les gants, il ne connaît pas, à part peut-être pour frapper encore plus fort. L’auteur évoque avec une grande habilité - sans filtre - certaines mœurs du coin, de l’époque, que cela soit abjecte, immoral, ou non.
Pour moi, le point fort de cet auteur reste le fait de donner un trait de caractère marqué à ses personnages.
Au final, je cautionne ce style qui permet d’aller droit au but, sans chichi, en plaçant la simplicité de l’être humain au 1er plan, une société en autosuffisance, justice comprise …. C’est limite cocasse !
À lire.