Brume rouge - Nicolas Feuz
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Brume rouge
Nicolas Feuz
Éditions Slatkine&Cie / 2022
236 pages
J’ouvre ce dernier millésime de Nicolas Feuz en plaçant ma barre d’appréciation assez haute. Très souvent, il a réussi à me berner en m’infligeant un dénouement pour le moins imprévisible. Alors, forcément, j’y ai pris goût ! Ce côté déconcertant, je le souhaite à nouveau. Pour moi, c’est sa marque de fabrique, sa signature, son tampon qui claque à la fin.
Connaissant l’auteur, le « rouge » de la brume est une teinte pas si difficile à interpréter. D’ailleurs, c’est assez vite confirmer. N.F. ne fait pas dans la dentelle, que nenni. Je me suis même surpris à penser tout en découvrant le prologue qu’il ne pouvait tout de même pas faire ça. Et ? Bien sûr qu’il l’a fait. Bam !
L’auteur met en scène un criminel plutôt hors du commun, assez tendance, et surtout très original. Il hait, jusqu’à les tuer, les enfants et jeunes filles se prénommant « Greta ». Si ça ce n’est pas de la passion ! Ce climatosceptique pur et dur va ensanglanter pas mal de pages et vous aurez, comme lui, une bonne quantité de sang sur les mains.
Quoi, pourquoi, où et comment ? L’auteur va vous expliquer tout ceci, en vous faisant voyager principalement en Suisse romande, aujourd’hui, mais aussi dans le passé, sur deux générations. Passé / présent ; une autre marque de fabrique de N.F.
C’est en plongeant dans les différentes générations que les réponses arriveront, au compte-gouttes, comme si l’on découvrait diverses séquences projetées par une vieille caméra. C’est une manière de faire que j’apprécie beaucoup, j’avoue, pour découvrir le « pourquoi du comment ».
Ce film rétro est très violent. Parler de drames reste ici un solide euphémisme. L’auteur, il faut le dire, utilise des thèmes durs qui ne peuvent que nous écœurer et révolter.
Cette nouvelle intrigue divise sur l’existence ou la cause des changements climatiques. Les personnes qui évoluent dans ces combats écologiques seront - à leurs dépens - l’élément déclencheur d’un projectile qui n’est pas près de retomber.
Effet de mode, manque de considération ou peut-être même l’ennui peuvent être des raisons de se battre pour une cause. Mais certaines luttes peuvent agacer, surtout si elles sont truffées d’incohérences. C’est là que le bât blesse, vous le verrez par vous-même. Mais il n’y aura pas que ça, oh que non.
Il y aura aussi cette confusion volontaire qui va s’étoffer, toujours un peu plus, et qui va nous permettre d’obtenir des réponses inattendues. Est-ce que j’ai reçu mon fameux coup de massue en pleine tronche ? Bien évidemment. Même plusieurs allers-retours, infligés avec élan. Ça fait mal, et ça fait du bien en même temps.
Nicolas Feuz nous dirige vers pas mal d’endroits, mais principalement vers une destination qui marque les esprits une fois atteinte : la folie. L’âme meurtrie d’un être humain peut révéler bien des surprises !
Bonne lecture.