Seule la haine, David Ruiz Martin - Coup de cœur !

Publié le par Pascal K.

Seule la haine 
David Ruiz Martin

Éditions Nouvelle Bibliothèque / 2020
235 pages

Mais quel puissant récit ! Profond ! Imaginez un pré-ado entrer dans le cabinet d’un psychanalyste, un gamin considérant le praticien comme étant responsable du suicide de son frère. Imaginez que ce jeune est armé d’un flingue et qu’il veut en découdre avec cet homme. Bon, arrêtez d’imaginer, car c’est ce que vous allez vivre ici !

Ce gamin, c’est Elliot, et il est loin d’être idiot. Il va peut-être même vous dégoûter d’être un adulte. Les diatribes de ce môme, dès les premières pages, nous font rentrer la tête dans les épaules. Sur le fond, ses propos ont du sens, c’est pertinent et éclairé. Sur la forme, c’est une autre histoire.

Bienvenue dans ce huis-clos qui a pour cadre un cabinet de psy et comme acteurs un jeune intrépide rempli de haine et un homme doté d’une bonne faculté analytique ! La violence contre la raison, quoi que ...

C’est tendu, très tendu. Le style qu’utilise l’auteur n’aide pas vraiment à faire baisser cette tension. Un froid clinique, s’échappant de chaque page tournée, nous glace le sang. Cette ambiguïté et cette incertitude qui nous sont envoyées à la face sont peut-être bien la cause de tout ceci. Même les silences nous perforent les tympans !

On écoute, toujours plus attentivement. Et on comprend. On compatit puis, la bouche bée et les yeux écarquillés, on pose un genou à terre. Je ne vous en dirai pas plus. Il faut être là pour entendre. Ça claque, ça résonne, ça te cogne contre les tempes. Plusieurs entités fortes et charismatiques prendront alors vie dans ce cabinet : les mots. Lourds de sens, lourds de conséquence.

L’auteur, avec cet assaut verbal, cette mise à nue, ces confidences, appuie là où ça vous brise le cœur. Le mal-être, la haine ou encore l’incompréhension vont s’avérer être ici des éléments-clé. Mais pas seulement.

David Ruiz Martin, avec ce récit d’une impressionnante noirceur, nous aspire dans un gouffre débordant de cruauté et nous implique, malgré nous, dans une spirale sans fin menant à une totale perversion. Ce récit est une prise d’otage de l’âme ! Ce rythme, cette densité (!!) m’ont achevé.

Je ne vais pas vous en dire plus. Cette histoire - ce combat ! - vous fera certainement réfléchir. D’un point de vue psychologique, c’est lourd ! La manipulation mentale pourrait-elle être irrémédiable, irréversible ? Lisez !

Bonne lecture.  

Publié dans Littérature suisse

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