L'ombre du renard, Nicolas Feuz

Publié le par Pascal K.

L’ombre du renard
Nicolas Feuz

Editions Slatkine & Cie 
382 pages

Sortie 22 août. 


L’année passée, Nicolas Feuz nous mettait entre les mains « Le miroir des âmes », également édité chez Slatkine. J’y avais relevé un petit bémol concernant les personnages, prometteurs, sur le compte desquels j’aurais souhaité en savoir un peu plus sur leurs comptes.

Cette phase de frustration va certainement prendre un terme durant cette lecture, car nous les retrouvons dans ce millésime ! Encore mieux, nous allons même renouer contact avec des personnages issus de son bouquin « Les Bouches », édité en 2015.

Cette trame repose sur des faits réels, ou plutôt sur une légende issue de la période de l’occupation nazie en Corse. L’auteur va donc utiliser cette fiction / réalité, qui intrigue encore aujourd’hui, comme base pour son récit.

D’emblée, il nous place face à un prologue assez douloureux. C’est assez son genre, d’ailleurs, de nous infliger une souffrance corporelle après seulement quelques pages tournées. Sadique ! Dans « Le miroir des âmes », c’était la gorge qui nous grattait. Ici, cela se passera un peu plus bas ! Bon, j’arrête de faire le casse-couilles ...

Comme dans « Les Bouches », nous foulerons le sol de l’Ile de Beauté, mais aussi celui du canton de Neuchâtel, en Suisse. Une sélection pas vraiment naturelle semble être en branle, suite à un / des événement(s) antérieur(s). Vengeance ou témoins gênants ? Quoiqu’il en soit, des morts violentes en Corse comme en Suisse révéleront des teintes assez sombres aux horizons respectifs.

Cette trame nous conduira donc vers divers endroits, mais aussi - et surtout - vers plusieurs époques. Cette façon de faire, pas du tout étrangère à Nicolas Feuz - loin de là ! -, me convient parfaitement et a même parfois tendance à me fasciner. Lorsque le passé rejoint le présent, c’est assez souvent avec fracas !

Dans le volet issu du passé, là où toutes les réponses sont encore bien enfuies au fond de la mer, nous allons débarquer en 1943, lors des dernières phases de la Seconde Guerre Mondiale, lors de l’occupation nazie en Corse. Tiens donc, même lieu et même période que dans « Les Bouches »... Pourquoi pas !

Alors, que faut-il relier ? Nous avons à la base une vaste enquête en cours sur un trafic de méthamphétamines, en Suisse, mais aussi l’élaboration d’un projet mafieux, en Corse, tout ceci sur un fond de Seconde Guerre mondiale. Voici donc les quelques brèches que l’auteur a décidé d’ouvrir ! Bilan ?

C’est chaud ! Ah oui, au niveau des personnages, c’est OK ! Ma frustration est passée et s’est dispersée dans les eaux claires de la Corse. L’un de ces personnages, un flic corse, m’a touché et pas mal intrigué. Je l’ai découvert il y a quatre ans et il faut dire qu’il a bien changé : cassé, mais de loin pas brisé, bien au contraire ! Ou alors tellement brisé qu’il en devient cassant ... 

L’auteur inclut dans son intrigue une mission d’infiltration et, - ô bonheur ! -, je suis fan de cette procédure bien spécifique. Celle qui exécute cette mission, une femme que nous connaissons déjà (Le miroir des âmes) et dont j’avais justement besoin d’en savoir un peu plus, va se donner corps et âme pour atteindre son objectif.

Le rythme est soutenu et tendu, aidé par de courts chapitres. Le passé / présent laisse au lecteur un goût acide qui stimule les synapses et suscite une curiosité permanente. C’est rapide, ça court, ça tire, c’est très cinématographique et j’aime ça.

Les brèches ouvertes par l’auteur se remplissent petit à petit, à la pelle, sans aller trop vite. Le passé va évidemment rattraper le présent. Telles les aiguilles d’une horloge folle, nous allons plusieurs fois être ballottés en avant et en arrière, histoire d’avoir une vue vers chaque époque.

La subtilité de l’intrigue tiendra dans une sorte de continuité qui ne devrait jamais être rompue. Je n’en dirai pas plus, mais ce côté-là de l’intrigue - la pièce maîtresse ! - m’a épaté par sa finesse. Tout ce qui gravite autour contient en fait l’intrigue complète. C’est bien amené !

Le dénouement est à l’image des précédents romans de Nicolas Feuz, à savoir assez bluffant ! Ne vous fiez pas aux apparences. 

Bonne lecture. 

Publié dans Littérature suisse

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