Nuit blanche, de Nicolas Druart
Nuit blanche
Nicolas Druart
Editions les nouveaux auteurs / 2018
430 pages
Quoi de mieux qu’un infirmier pour nous narrer un thriller dans le milieu hospitalier ? Un écrivain infirmier peut-être ? Alors cela tombe plutôt bien, c’est le cas. Personnellement, j’aime les propos des gens qui savent de quoi ils parlent. D’ailleurs, je ne vois pas comment cela pourrait en être autrement.
La trame se déroule en un seul lieu, sur une seule nuit. C’est court, oui, mais c’est intense ! Ce thriller est un véritable page-turner.
Nous sommes à Saint-Florentin-sur-Lot - trou du cul de la France, selon l’auteur -, et c’est le déluge. Le ciel a décidé de donner tout ce qu’il peut pour créer une sale ambiance à ce thriller. L’hôpital qui nous accueille est, paradoxalement, totalement inhospitalier. Coupés du monde par cette météo capricieuse qui a fait glisser des pans entiers de terrains, les quelques internes qui œuvrent dans cet établissement ne pourront compter que sur eux-mêmes.
Cela n’est pas censé être un gros problème pour autant. Mais le dernier transfert, qui vient d’arriver pour la nuit depuis un hôpital psychiatrique, va radicalement faire changer la donne. Il s’agit d’un homme dans le coma atteint d’une maladie tropicale. Plutôt étrange, mais pas non plus la fin du monde, allez-vous me dire! Sans doute, mais en tous les cas pas la fin de la nuit pour nos internes !
A ce stade de la lecture, je crains un peu les fameux clichés : hôpital coupé du monde, tempête et étrange patient qui arrive.
Cette crainte sera rapidement jetée aux ordures. Eh oui, car une grande partie de l’intrigue nous parviendra par le biais d’un bilan psychiatrique qui est consulté en live par une interne. Plus on avance dans ce compte-rendu, plus ce huis-clos devient tendu et stressant. On dit souvent que l’inconnu nous fait peur mais, ici, ça sera plutôt l’inverse. Plus on en sait, plus on devient compatissants envers ces pauvres personnages isolés qui évoluent dans cet hôpital !
L’aspect psychique sera primordial dans cette œuvre. D’une part, au niveau de ce fameux patient atteint d’une lourde pathologie et, d’autre part, au niveau du personnel soignant qui est mis à rude épreuve. A ce sujet, je tire mon chapeau à l’auteur qui s’est très bien débrouillé pour nous placer des personnages détaillés, fouillés, et ceci pour chacun d’entre eux.
Plus la nuit avance, plus les choses se précisent. Par contre, à notre niveau - et c’est bien l’intention de l’auteur -, nous commençons à soupçonner un peu tout le monde. Dans cet hôpital au calme apparent - nous entendrions presque les personnes âgées ronfler comme des bienheureux -, c’est assez l’angoisse !
Je ne vais pas en dire plus. Les interminables couloirs de cet hôpital appartiendront à celles et ceux qui ouvriront ce bouquin.
L’auteur nous conduira, certes, dans les méandres de ce centre hospitalier, mais également dans ceux de l’inconscient. L’hypnose sera un élément important dans cette trame. Bien que le sujet soit poussé à son paroxysme, voire à l’impossible - c’est assez gros ! -, il restera tout de même assez orgastique. Dans ce contexte-là, cet aspect guidera le récit vers une psychose assurée.
Vers le dénouement, toutes les questions demeurent ouvertes. Les réponses ne viennent pas ou tardent à venir. Oui, l’auteur joue assez bien avec nos nerfs. A ce stade-là, j’espère juste que cette sauce si bien réussie ne tourne pas au dernier moment.
Encore une fois, je place ce doute aux ordures - cette poubelle commence à bien être remplie ! -, car le final est bien bluffant.
Est-ce que le Mal existe ? Éternelle question...
Bonne lecture.