Le tueur de l'ombre, de Claire Favan

Publié le par Paco

Le tueur de l’ombre
Claire Favan

Editions Les nouveaux auteurs / 2011
551 pages

La première partie de ce diptyque, « Le tueur intime », m’a administré une véritable claque aller-retour. La trame, la psychologie des personnages, le rythme ou encore cette véritable montée en puissance m’ont atteint là où il le faut. Ici, en l’occurrence, en pleine poire !

Le dénouement de la première partie ne laisse aucun choix aux lecteurs : il faut indubitablement se lancer dans la seconde, « Le tueur de l’ombre ». C’est donc chose faite.

Verdict ?

Tout d’abord, ce que le lecteur redoute et prie peut-être pour que cela n’arrive pas à l’issu de cette première partie ... se produit. Mais bon, d’un autre côté, pour ce lecteur certainement avide de sensations fortes, cette situation tombe à pic ! En ce qui me concerne - et c’est assez dégueulasse envers une bonne partie des personnages, c’est vrai -, je m’en réjouis !

Une traque mortelle débute alors dans un contexte plutôt tendu ! Pressions politique, médiatique et psychologique.

Sans entrer dans les détails concernant l’histoire, nous allons vivre un phénomène assez rare, du moins à ma connaissance : voir un puissant prédateur sexuel devenir la propre proie de ses actes. Nous allons alors être confrontés à un face à face mythique. Un tour de force mental et psychique va alors débuter entre deux entités impitoyables et redoutables. Un duel qui va petit à petit se métamorphoser en duo. Un démon motivant un dément, et vice-versa.

Ce qui deviendra fascinant, si j’ose dire, c’est de comprendre les motivations de l’un de ces personnages ainsi que d’observer ce qui est mis en place pour arriver aux résultats escomptés. C’est subtil - pas courant ! - et machiavéliquement ingénieux.

L’auteure ne lésine pas sur les moyens pour nous transmettre des douleurs vives et presque inacceptables. Ses mots, son style et le contexte dans lequel elle nous enferme nous donneraient presque la nausée. Sur l’échelle de l’horreur, nous grimpons encore de quelques échelons.

La trame est pertinente et nous laisse une bonne part de réflexion. Le mode opératoire complexe qui nous préoccupe ici est surprenant. Cette manière inhabituelle d’œuvrer qui mélange lâcheté, opportunité, méfiance et cruauté, est un casse-tête sans nom pour les enquêteurs !

L’un de ces enquêteurs, que nous connaissons maintenant très bien, sera directement touché par ces événements. Sa carapace, qui le protégeait jusqu’à présent contre toute attaque, lui sera arraché d’un seul coup. Au niveau de cette enquête, l’auteure nous placera au milieu d’une tension palpable et presque contagieuse.

Ce personnage est pour moi particulièrement fascinant. Il représente clairement le genre d’individu qui maîtrise totalement son domaine, qui excelle, mais qui ne reste au final qu’un homme avec ses défauts et, surtout, avec ses faiblesses. Un homme quoi ...

Pas mal de dignité va s’envoler dans cette histoire. Lorsque les médias et l’opinion publique s’en mêlent, la justice perd soudainement toute sa valeur et laisse la place à des propos arbitraires, voire à de la persécution. Le peuple crétin, tel un mouton décérébré, croit évidemment tout ce qu’il voit et ce qu’il entend. Si la presse le dit, ça devient une évidence. Pathétique.

Claire Favan nous donne l’occasion de vivre une enquête bien menée, détaillée et merveilleusement complexe. Le ou les adversaires des services de police, qui s’en donnent ici à cœur joie, atteignent le summum de la perversité. Je ne rentrerai pas dans les détails concernant cet aspect-là, car ils représentent le cœur-même de l’intrigue. Fascinant.

Vers le dénouement, c’est une bonne accélération qui nous propulse en avant. Lors de ce dernier trajet, nous nous prenons encore quelques coups dans la tronche. Il s’agit de révélations que je n’ai pas vues venir, à tel point que j’ai décidé de relire une partie de ce livre. Le constat est clair : impossible de voir venir...

Le dénouement est plutôt classique, mais ô combien prenant et stressant. C’est le genre d’histoire que je garderai en moi - il y en a quelques-unes, pas des tonnes -, car les personnages ont réussi à m’atteindre. Dans ces conditions, le pari est pour moi gagné.

Bonne lecture. 

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A
Une auteure qui m'a rarement déçu.
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P
Je confirme