Les sirènes noires - Jean-Marc Souvira
Les sirènes noires
Jean-Marc Souvira
Éditions Fleuve noir / 2015
439 pages
Lagos, Nigeria, dans un petit village. Pour une jeune fille, l’espoir vient de la quitter bien avant qu’elle le sache. Ce jour-là, son sort, comme bien d’autres avant elle, est désormais scellé.
Entre l’Afrique et la France, l’auteur nous enfonce la tronche profondément dans la boue, soit sur toute une filière de traite d’êtres humains et de prostitution. Ignoble.
Du côté de Paris, nous allons faire un bout de chemin avec le commissaire Mistral, du 36. Concernant tout ce qui gravite autour de ce personnage, j’ai apprécié la sensibilité de l’auteur sur l’aspect humain et sur les difficultés que génère ce job passionnant, ingrat et souvent difficile à vivre. Bref …
Deux corps démembrés, retrouvés dans un squat du 18ème arrondissement, vont occuper les flics du 36 assez intensément, mais pas autant qu’un violeur en série qui a réussi à se faire la malle devant eux. Aïe.
La pression monte à chaque page tournée, autant pour nous que pour nos flics parisiens, et plus particulièrement pour Mistral. C’est même plutôt extrême ! Les affaires s’enchaînent, et vous pouvez aborder ce dernier terme dans plusieurs sens …
Jean-Marc Souvira place vraiment l’humain au-devant de la scène, et il le fait plutôt bien. Entre les différentes affaires qui s’alignent et les emmerdes internes qui s’accumulent, nous ramassons bien quelques gifles - allers et retours ! - liées à la nature humaine, ses dérives, ses défauts, soit à toutes ses imperfections !
Le commissaire Mistral, se prenant de fortes rafales dans la gueule venant de tous les côtés, est un personnage marquant par ses nombreuses qualités, mais aussi par ses défauts, évidemment. C’est un Homme.
L’auteur ajoutera un peu de surnaturel dans cette enquête, des faits finalement pas si étranges, si nous les observons depuis un œil africain. Tout est relatif. Quoiqu’il en soit, la souffrance, elle, sera bien réelle.
Jean-Marc Souvira, avec une bonne partie de son intrigue, nous laisse entrer dans un Paris peu ragoûtant, un Paris où les africains ont amené avec eux un morceau de leur pays, parfois le meilleur ou, comme ici, le pire.
Et, bien évidemment, l’aura du flic, ses méthodes, ses reflex, sa façon de penser, sa manière d’avancer, de désespérer, de crocher et de souffrir est tout simplement impeccable. En « écoutant » entre les lignes, on comprend sans aucune ambiguïté qu’il s’agit d’un flic aux commandes de ce récit.
A lire.