Laisse-moi en paix, de Clare Mackintosh

Laisse-moi en paix
Clare Mackintosh
Éditions Marabout Thrillers / 2018
429 pages
C’est avec un certain engouement que j’ouvre ce dernier millésime de cette auteure britannique. J’ai découvert l’univers de Clare Mackintosh avec « Te laisser partir », publié en 2016. Cette ancienne flic m’a séduit par son style accrocheur, la psychologie des personnages, avec la conformité de tout ce qui a trait à l’aspect flic ou encore par la force qu’elle déploie pour nous administrer des claques dans la gueule.
Nous aborderons ici l’aspect du deuil, mais surtout de la non-acceptation d’une situation bien déterminée. Et pour cause... Il y a environ une année, Tom Johnson, un bon vendeur de bagnoles, a quitté son lieu de travail et est allé se jeter en bas d’une falaise - Beachy Head. Quelques mois plus tard, son épouse, Caroline Johnson, entreprendra le même voyage, en utilisant le même moyen, au même endroit.
Petite parenthèse : cet endroit, situé sur la côte sud de l’Angleterre, est tragiquement connu pour être l’un des endroits ayant le plus haut taux de suicides au monde. D’ailleurs, des bénévoles arpentent régulièrement les hauts de cette falaise pour venir en aide aux candidats au grand Saut. Dans cette histoire, nous aurons l’occasion de vivre ce phénomène.
Revenons à notre histoire, justement. Malgré le fait que les circonstances de ce double suicide soient claires et bien étayées par la police, leur fille Anna, jeune mère de famille, n’acceptera pas cette finalité et, surtout, n’arrivera pas à y croire. Ses parents n’étaient de loin pas suicidaires. Elle va donc aller de l’avant pour enfin en avoir le cœur net.
Parallèlement, au gré des chapitres, nous aurons contact avec sa mère - eh oui ! - qui a eu l’audace de « revenir » pour surveiller sa fille. En effet, celle-ci risque de se mettre cruellement en danger, ainsi que ses proches, en déterrant le passé. Évidemment, cela ne sera pas facile de préserver sa fille dans de telles circonstances.
Un flic à la retraite, mais encore volontaire dans la police - responsable à l’accueil ! -, fera partie de l’équation. À la demande d’Anna, plutôt insistante, il rouvrira l’enquête sur la mort de ses parents. Il le fera, d’une part, car certains points restent tout de même assez flous et, d’autre part, car c’est un homme qui a besoin de ça. C’est un flic à l’ancienne qui se fie encore au flair, à l’être humain et non uniquement aux faits.
Cette enquête, qui n’intéresse plus personne, car résolue, il la traitera en solo.
Entre une personne, déterminée, qui cherche la vérité à tout prix et une autre, - présente en filigrane -, qui cherche à l’en dissuader, nous allons nous approcher d’une vérité bien moche et cruelle.
C’est tranquillement que nous traverserons la première partie de cette histoire. Cela peut paraître lent, plat et ennuyeux, mais ce qui y ressort, pour moi, c’est une solide mise en place. L’auteure pose ses jalons un peu partout par rapport aux circonstances, à l’atmosphère et, surtout, aux personnages.
En définitive, cela reste un peu lent à mon goût. L’intrigue traîne en longueur, bien que quelques aspects m’interpellent tout de même. L’enquête menée par le flic retraité est terriblement bien menée. De plus, ce personnage, qui vit un calvaire auprès d’une femme borderline, est fascinant.
Le dénouement fait l’effet d’une bombe au milieu d’un lac tranquille et calme. L’onde de choc est immense et nous trouble profondément. Le sujet traité ici par l’auteure est rare, mais il existe. Cela m’a permis de me poser mille questions et je me demande bien comment je réagirais dans de telles circonstances. Il faut admettre que, d’un point de vue psychique, c’est l’effet d’une demi-douzaine d’enclumes qui nous tombent sur la tête ! Je n’en dirai pas plus.
Bonne lecture.