"Le coma des mortels", de Maxime Chattam

Publié le par Paco

Le coma des mortels
Maxime Chattam

Éditions Albin Michel / 2016
389 pages

Maxime Chattam ne nous a pas encore habitués à ce genre de texte: nous ne sommes de loin pas dans le thriller "classique", nous ne sommes même plus dans le thriller, quoi que. C'est assez déroutant, particulier, positivement surprenant.

J'ai détesté ce bouquin et, en même temps, il est d'une qualité époustouflante avec un contenu percutant. Est-ce qu'il rend mal à l'aise? Peut-être bien...

Récit philosophique, noir, adroit, pessimiste, agrémenté d'humour noir et malsain qui pourrait en heurter certains. Récit assez provocateur, très juste et donc parfois plutôt dérangeant. Maxime Chattam semble ici vouloir nous dire d'une manière brute et cash comment il voit le monde, ou comment il pourrait le voir. Ce texte est un vrai délire, son délire? Maxime Chattam nous écrit un bout de vie vu par un homme au fond du gouffre. Un égoïste pur et dur, mais attachant. Eh oui.

Le roman est écrit à la première personne, justement. Pierre, notre narrateur, nous dévoile sa vie, sa nouvelle vie. L'autre, l'ancienne, il l'a enterrée bien profond et ne veut surtout plus y toucher. Une ancienne vie bien trop droite, ou plutôt trop bien rangée dans des tiroirs renfermant les codes dictés par notre société.

Pierre, cynique, nous donne sa version de la vie, sa vie, sa vérité - tout est relatif, bien sûr. Pierre est un dépressif fataliste qui n'essaye même plus de se comprendre.

Ce roman qui parle de la vie, de l'amour, de la mort, de sexe ou encore qui déverse une bonne dose de remise en question, est écrit avec un style très particulier mais, je dois dire, brillant. C'est riche en métaphores, profond, cash et pertinent. L'auteur a mis un accent très prononcé sur le style.

Un exercice de style néanmoins assez dangereux, car le fait de s'égarer est un risque permanent, un danger constant et très présent. Maxime Chattam n'est de loin pas à son premier écrit mais, tout de même, il innove un tout nouveau style!

Au bout d'un moment je me suis surpris à bien m'emmerder, - n'ayons pas peur des mots -. Il me manquait quelque chose dans ce récit qui, je le répète, est une vraie prose au niveau du style. Il me manquait peut-être quelques repères, un fil rouge plus solide, un élément dur qui m'aurait permis de m'appuyer de toutes mes forces pour m'élancer, me propulser. C'est assez paradoxal car c'est un récit très fort et heurtant!

L'auteur nous brosse le portrait d'un homme perdu qui se cherche, qui tente de trouver un rôle, son rôle dans ce monde, dans notre société. Un homme seul dans son âme qui n'arrive pas vraiment à se retrouver. Un homme qui, - et cela sera un peu le seul élément concret dans cette intrigue -, enchaîne les morts violentes autour de lui. Responsable ou non? Ou un peu? Ou pas du tout? Indirectement? L'auteur sera très habile pour nous faire douter. Il faut admettre que le personnage dans cette histoire est plutôt atypique!

En fait, je dois même admettre que la totalité des personnages de ce roman sont atypiques. Mais peut-être le sommes-nous tous d'une certaine manière?

Ce roman est une succession d'événements, de rencontres et d'interactions entre personnes, un bout de vie - peu banale c'est vrai -, entre des protagonistes qui ont tous leur propre personnalité. C'est poussé à l'extrême, ce qui donne ce côté grotesque et absurde. C'est très cocasse! J'ai l'impression d'avoir relu "Le Petit Prince" version noire pour adultes!

Le dénouement est subtil, même si je m'y attendais un peu. Et bien évidemment, Maxime Chattam nous réserve une petite surprise, un petit clin d'œil lié au style, à la construction de son roman. Sympa.

Bonne lecture.

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G
Bonjour,<br /> <br /> J'ai adoré votre article. J'ai aussi adoré ce bouquin. Je vous partage également mon avis : http://lehazartsfaitbienleschoses.blogspot.fr/2017/02/coma-des-mortels-maxime-chattam.html
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P
Merci