"Les loups blessés", de Christophe Molmy

Publié le par Paco

Les loups blessés
Christophe Molmy

Editions de la Martinière, 2015
335 pages

Un braquage qui tourne mal, des jeunes des cités à la dérive - mais tout de même satisfaits d'être les boss de leurs petites affaires -, voici un peu ce que nous découvrons en ouvrant ce polar. Être craints et défier les flics devient un sport national, c'est certain. Ici, un dérapage qui aurait pu être évité facilement... Mais à voir les
bracaillons - terme suisse désolé! -  auxquels nous avons à faire, ce n'est pas si étonnant, finalement.

L'auteur nous décrit un peu l'ambiance des cités, des banlieues d'une manière assez banale, standard: du déjà vu.

Dans cette histoire, nous découvrons deux personnages clés, et c'est là que cela devient intéressant. 

L'un est flic, l'autre est truand. Le flic, c'est Renan Pessac. Un bon flic qui sort de temps en temps de belles affaires. Le truand, c'est Matteo Astolfi; braquage, extorsion, et pas mal de taule.

L'auteur brosse le portrait de ces personnages avec un style et une manière qui me plait bien. Nous avons une sale affaire, un flic qui tente d'y voir clair. Ses techniques pour obtenir quelques infos sont standards mais très réalistes; c'est appréciable. Les pressions qui s'abattent sur lui et son service depuis les hautes sphères sont inévitables. Là aussi, c'est plus que réaliste. Et cette atmosphère, telle qu'elle nous est décrite, cela me parle et, encore une fois, me plaît bien. 

L'auteur, chef de la BRI (brigade antigang) à Paris, spécialiste du grand banditisme (selon l'éditeur), place en avant les méthodes utilisées afin d'obtenir des informations dans le cadre d'enquêtes criminelles. La gestion des informateurs, les rouages et techniques utilisés pour maîtriser et "travailler" un informateur sont aussi très bien relatés. Toutes les finesses qu'il faut connaître dans ce rayon sont légion et méritent d'être maîtrisées à fond. L'auteur nous donnera pas mal d'explications pertinentes, par exemple jusqu'où aller pour en savoir assez, sans pour autant aller trop loin et ainsi atteindre le point de rupture. 

Dans ce roman, la gestion d'une informatrice démontrera justement qu'il y a des barrières à ne pas franchir, pour éviter de tout mélanger et partir en vrille. 

Entre jouer les balances, obtenir une certaine rédemption ou encore se faire un peu de blé, ou peut-être encore pour d'autres raisons de nature humaine, les indics vont jouer un rôle capital. Il faut dire qu'ils resteront toujours une source précieuse pour les flics, une oreille et des yeux qui traînent quelque part...

L'enquête est vive, sans trop de temps morts. Tout est cohérent, linéaire. Et surtout, c'est assez "vrai", c'est brut, nous flirtons avec le réalisme tout au long du récit.

Nous passerons des petits paumés des banlieues aux bandes organisées, sans limite, appâtés par le fric, mais aussi à la recherche du grand frisson, de l'adrénaline. Lorsque ces deux genres se mélangeront, le résultat sera tout aussi explosif, mais nettement moins maîtrisé. Tout ne se calcule pas, surtout pas les relations humaines.

Un bon roman, vif, agréable à lire. Certains points pourraient être un peu plus développés, plus poussés. J'ai été confronté à de belles scènes qui suggéraient une action future. Mais cette dernière n'est jamais venue, comme une sorte de promesse non tenue.

A lire pour le côté réaliste, vrai et cohérent au niveau police!

Bonne lecture.

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A
Il y a comme un goût de trop peu, je me trompe ?
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P
Peut-être un peu oui..
B
Le côté réaliste est toujours un vrai plus
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P
Il faut le reconnaître oui..