Aller simple pour Nomad Island - Joseph Incardona

Aller simple pour Nomad Island
Joseph Incardona 
Éditions du Seuil / 2014
253 pages 

Ouvrir un bouquin de Joseph Incardona, c’est accepter le fait d’aller au plus profond de l’abîme et frôler tout ce qu’il y a de plus regrettable concernant la condition humaine.

Et pourtant, ici, tout pourrait s’apparenter au paradis. Un couple et leurs deux jeunes enfants atterrissent sur une île proche de La Réunion pour leurs vacances. Tout semble parfait, petit village au bord de l’océan, bungalow cosy, bref, le nirvana.

Mais ceci est sans compter ces nuages sombres qui se profilent à l’horizon et qui s’approchent toujours un peu plus. Cette noirceur se concrétisera d’abord par des rencontres surprenantes, inquiétantes, mais aussi par des situations qui dérangent. Elle s’intensifiera lorsque l’auteur ira gratter un peu sur la surface de toutes « ces façades décrépies » qui s’effritent toujours un peu plus. L’être humain est ici mis à nu, sans le paraître, et se dévoile tel qu’il est. 

Il y a quelque chose de malsain dans cette « satire » plus ou moins sociale, quelque chose de perturbant et d’immoral, si bien dosé qu’il est difficile de dire vraiment où se situe le point de non-retour. Chaque membre de cette petite famille aura son propre rôle à jouer, et pas des moindres.

Tous ces paramètres sont agrémentés d’une écriture ô combien maîtrisée, Joseph Incardona semblant être très à l’aise pour dérouler son intrigue. L’environnement sera ici la bête noire, l’ennemie, une sorte d’adversaire sournois, imprévisible et indétectable. 

Mais est-ce vraiment un adversaire, finalement ? Tout l’attrait de ce thriller se reportera à cette question. Très bon récit qui fait tout de même assez réfléchir. L’auteur brise les maillons d’une chaîne qui relie cette famille et laisse l’individu seul face à lui-même. Humainement, c’est intéressant ! 

Bonne lecture.