Krummavìsur - Ian Manook
Krummavísur
Ian Manook
Éditions Flammarion / 2024
438 pages
Il y a toujours - au moins - deux aspects qui ressortent des bouquins de l’auteur. D’une part, il est très difficile, pour le commun des mortels - à l’élocution ordinaire ! -, de prononcer les titres de ses bouquins. D’autre part - et là, plus sérieusement -, c’est toujours un énorme voyage, immersif, que nous propose Ian Manook à travers ses récits.
Nous allons ici nous poser en Islande. L’arrivée est fracassante, c’est le moins qu’on puisse dire. La nature propre à ce pays ne se laisse pas facilement apprivoiser, vous verrez. J’en profite pour affirmer - confirmer ! - que l’auteur n’a pas son pareil pour métamorphoser les lieux de ses récits en de solides personnages bien vivants.
Un petit avion et ses occupants, retrouvés après des années, respectivement dans une crevasse d’un glacier, pour l’un, et figés dans un iceberg, pour les autres, sera le point de départ de cette intrigue. Les caprices de la nature, matérialisés par des fontes de glace et des déplacements d’icebergs, vont faire recracher une scène assez inquiétante pour justifier une enquête de police.
En parlant d’enquête, nous allons en suivre une deuxième, simultanément, concernant le viol et l’assassinat d’une jeune fille, une enquête qui va impliquer des personnes émanant de « la haute ».
Ce récit est admirable rien que pour ses personnages. À mes yeux, deux d’entre eux, Kornelius Jakobsson et Ari Eiriksson, sortent vraiment du lot. Le premier, pour son côté rentre-dedans, emmerdeur à souhait, et le second pour son fort caractère qui émerge au fil de la lecture. Et peut-être aussi pour ses citations à deux balles !
Le rythme et la teneur de ces enquêtes n’offrent que très peu de répit. Les faits évoqués nous obligent - c’est du moins mon cas - à poursuivre la lecture sans trop vouloir s’attarder. On veut savoir …
Au niveau des pirouettes et cabrioles politiques, d’un point de vue acrobatique, ça vole plutôt haut mais, au niveau de la moralité, ça stagne et ça racle au niveau du sol. La politique dans toute sa splendeur … j’ai adoré ce volet-là qui nous largue et nous pousse vers des circonstances géopolitiques compliquées et inextricables.
J’aimerais encore ajouter que les joutes verbales, envoyées avec une belle finesse, sont succulentes à suivre dans ce récit. Ces combats oraux sont pour moi une vraie richesse dans ce récit.
J’ai aimé me poser devant cette nature morte tellement vivante, devant ces volcans forçant le respect, ces monstres en éveil, pour écouter chanter le « Krummavísur », cette complainte triste typique du pays, qui met en scène des corbeaux affamés, mon animal de prédilection ...
Un voyage à ne pas manquer !