Âpre monde - Franck Bouysse

Âpre monde 
Franck Bouysse 
Éditions Phébus / 2024
214 pages

J’ai énormément apprécié « Pur sang », du même auteur (2023), un récit qui sonne juste et surtout vrai, agrémentée d’une bonne part de sincérité. J’ai aimé suivre Elias, un petit gars qui a été recueilli à l’âge de trois ans par un couple descendant d’une tribu d’Amérindiens. Ce bouquin est la suite de sa vie, une tranche d’existence, dans cet âpre monde.

Elias a décidé de retourner aux sources, à ses racines, là où l’on est sans doute mieux qu’ailleurs, ou peut-être pas. Cet homme reprend sa place dans une nature belle et austère, vers les grands espaces, en humant la senteur des essences émanant de ces vastes forêts. Ce récit éveille tous les sens.

Mais il doit aussi composer avec la présence, dans ce décor, de certaines personnes qui ne souhaitaient pas spécialement son retour. Et d’autres, qui n’attendaient peut-être que cela … 

Ce récit est une succession d’images, un décor en constante évolution. La violence des faits écrase parfois cette plénitude qui jaillit d’entre ces pages et, quelques fois, comme sur une hypothétique balance du destin, c’est juste le contraire. La paix, la tranquillité et le silence sont constamment en conflit avec de puissantes agitations et bien quelques aigreurs. La plupart proviendront du passé, comme bien souvent.

Nous sillonnons ce récit comme si nous passions à travers des vies qui ne nous appartiennent pas. Cependant, nous ne pouvons pas nous empêcher de regarder à gauche et à droite pour apercevoir - ou même juste percevoir - ce qu’il s’y passe, et pour imaginer ce qu’il va probablement arriver.

Les mots sont percutants, certaines phrases nous arrachent quelques tripes au passage, mais le récit reste paradoxalement et franchement merveilleux, riche en sincérité et en sacrifices, éblouissant d’humanité. Pour le rythme, il ne faut pas aller chercher trop loin pour tenter de le définir, c’est le rythme de la nature, qu’elle soit remarquable, comme l’environnement de ce récit, ou cruelle, telle la nature … humaine.

Ce récit, au dénouement implacable, est à lire.