Celle qui s'enfuyait - Philippe Lafitte

Publié le par Pascal K.

Celle qui s’enfuyait 
Philippe Lafitte

Éditions Grasset / 2018
215 pages

Les ingrédients utilisés pour construire ce thriller ont été choisis avec le plus grand soin. Nous suivons les faits et gestes d’une femme d’une soixantaine d’années, auteure de polars, réfugiée au fin fond du sud de la France, en fuite depuis 40 ans. Mais aussi ceux d’un homme, petit-fils d’immigré italien, vivant aux Etats-Unis, qui est à sa poursuite.

Plus ou moins au centre de tout cela, stagne un lourd secret, constitué de peurs, de violences et de culpabilité, qui émane évidemment du passé.

Entre le New-York des années 60 - 70, où plusieurs quartiers s’enfoncent toujours un peu plus dans la criminalité et la drogue, où les droits civiques sont incontestablement bafoués, et la France d’aujourd’hui, Philippe Lafitte nous retient par le bras et nous pousse à endosser le rôle de témoins d’une fuite, d’une traque sans répit et sans repos. Pourquoi 40 ans après ? Cela sera évidemment l’un des attraits de cette intrigue.

Nous allons bien quelquefois retourner dans un passé pas si simple, un passé composé de violence, de ségrégations et d’ostracisme. Avec une écriture sûre, maîtrisée et profonde, l’auteur nous propulse corps et âmes au sein de cette période plutôt cruelle, ce qui nous permet de la vivre par procuration.

Nous n’allons pas y aller très souvent, mais plutôt par bribes, ce qui laisse pas mal de place à la suggestion. Mais comme l’Histoire reste l’Histoire, vous devez bien vous douter que ce n’était pas une période franchement agréable … En ce qui me concerne, j’aurais souhaité que l’auteur nous amène plus souvent vers cette période noire et brutale, car il la décrit d’une manière remarquable.

J’ai aimé ce personnage, cette femme africaine, qui fuit par tous les moyens possibles et imaginables, autant physiquement qu’au niveau de son âme. J’ai aimé ce flou concernant les motifs de cette fuite, qui suggère autant la peur que la culpabilité.

Au final, j’ai adhéré à ce récit qui laisse pas mal de place aux questionnements, qui met en scène des personnages parfois simples, parfois complexes, mais toujours intéressants à suivre.

L’auteur clôt ce récit d’une manière radicale, plaçant un gros point final, mais qui est tout de même suivi de points de suspension. En fait, l’histoire de notre vie n’est jamais vraiment terminée …

À lire. 

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