Victime 2117, Jussi Adler-Olsen --- Ou comment être aussi proche de la terreur !

Publié le par Pascal K.

Victime 2117
Jussi Adler-Olsen

Éditions Albin Michel / 2020
574 pages

Département V ?

Carl, Rose ou Assad - Assad ! -, ces noms vous évoquent-ils quelque chose ? Si tel n’est pas le cas, c’est que vous n’avez jamais daigné ouvrir l’un des huit bouquins de Jussi Adler-Olsen liés au Département V, cette brigade danoise formée d’agents très spéciaux, pour ne pas dire atypiques, chargés d’investiguer sur des cold-case. Grosse erreur ! Ils valent d’être connus … 

Cette lecture, je l’ai synchronisée avec Anaïs, du blog « Anaïs Serial Lectrice », avec qui nous nous sommes lancés dans une lecture commune. La synchronisation a été jusqu'au bout car nous avons lu le bouquin exactement au même rythme ! Nos avis respectifs sont identiques surtout sur un point: l'aspect humain ! Vous pouvez retrouver sa chronique complète en cliquant ici ! Je vous place, bien sûr, un extrait de son avis ci-dessous ! 

Avis d'Anaïs (extrait de sa chronique)

La quatrième de couv' ne nous aura pas menti, on attendait ces révélations depuis des années, ces révélations qui feraient la lumière sur les pans mystérieux de la vie d'Assad, personnage récurrent de la série, eh bien nous les avons eues, et elle ont dépassé de loin toutes mes espérances ! Je me demandais bien comment allait faire l'auteur pour lever le voile sur tous ces mystères, je pensais que l'intrigue allait prendre son temps comme habituellement et que les révélations finales arriveraient en apothéose dans les dernières pages du livre. Que nenni ! C'est au moment que tu t'y attends le moins que ça commence, assez tôt dans le récit à vrai dire, et que ça s'étale durant des centaines de pages ...


... La cerise sur la gâteau, c'est ce personne d'Assad, qui écrase tous les autres par son charisme, par son vécu, par le fait qu'on le voit tantôt abattu et au bord du gouffre, mais jamais vaincu et toujours prêt à combattre pour ce qui lui semble être important. Les liens entre Carl et Assad sont surpuissants, plus que des liens professionnels, ce sont des profonds lien d'amitié qui unissent les deux hommes. Carl, cet homme bourru, froid, toujours sarcastique et sans sentiments se dévoile ici humain à en crever ... 

La chronique complète d'Anaïs : 
https://anaisseriallectrice.com/2020/01/26/victime-2117-jussi-adler-olsen/

Mon avis

Assad ... Nous le connaissons, justement, nous l’aimons, nous l’admirons, nous aurions même envie de lui serrer la paluche mais, au final, nous ne le connaissons pas vraiment, voire pas du tout ... 

Assad va être le noyau - dur ! - de cette intrigue. Son passé, placé si longtemps entre parenthèses, nous éclate enfin à la gueule. Une vie tragique, bouleversante, une histoire cruelle qui nous vrille les tripes, les comprime pour finalement les essorer ! 

Ouvrir un bouquin d’Adler-Olsen, c’est pousser une porte qui donne sur une pièce de théâtre constituée de personnages d’une belle consistance, très humains, dégageant énormément d’intensité. On s’attache, inexorablement. 

Ouvrir un bouquin d’Adler-Olsen, c’est également accroître ses connaissances sur le Danemark, élargir son champ de vision sur sa société, ses dérives ou ses spécificités. Une seconde petite intrigue prend généralement forme, un peu en retrait de la principale.

Ici, ouvrir ce millésime 2020 d’Adler-Olsen, c’est être témoin d’une promesse faite au cadavre d’une vieille dame, une Syrienne échouée sur une plage tel un vulgaire déchet, par un journaliste espagnol. Cet homme va endosser le rôle, bien malgré lui, du scribe de la terreur ! 

Avec cette trame liée notamment à la migration, l’auteur va humaniser - personnaliser ! - ce triste phénomène ! Le terme humaniser, d’ailleurs, ne sera pas à prendre uniquement dans un sens positif ! L’humain n’est pas forcément toujours bon ... 

Entre des menaces terroristes omniprésentes, qui se terrent tel un félin prêt à bondir et déchiqueter sa proie, l’écho des tortures sanglantes des prisons irakiennes ou encore des êtres humains aux yeux moribonds purgés de toute lueur d'espoir, l’auteur nous pousse vers une intrigue dont la plupart des éléments ne semblent plus vraiment maîtrisables. 

Assad, vous l’aurez compris, sera l’aimant autour duquel gravitent bien des secrets, mais aussi une perpétuelle noirceur. La cruauté qui s’est pointée un jour dans sa vie n’est pas près de disparaître ! Pire, elle tente à présent de le briser !

La rage d’Assad, l'orgueil du journaliste espagnol et même la folie d’un jeune "gamer" idéaliste danois, enfermé dans sa chambre, vont nous faire progresser vers une situation semblant inextricable. Les enquêteurs du département V vont d’ailleurs s’enfouir - pour ne pas dire s'ensevelir - corps et âme dans l’enquête la plus personnelle qu’ils n’auront jamais menée !

Le passé nous rattrape toujours, un jour ou l’autre, malgré la noblesse des actes que l'on peut avoir commis. Une furieuse course contre un passé qui accélère sans cesse va forcer Assad à prendre des décisions irréversibles.

Ce récit est une vengeance, un cri, un hurlement de douleur et de rage ! L’intensité de cette intrigue nous trouble d’abord, nous broie ensuite pour finir par nous flinguer. C’est dur, c’est rageant, c’est irritant bref, ça fait mal. 

De ce roman, je retiendrai la qualité, la précision et même le professionnalisme pour décrire ou relater la mise en place d’une cellule terroriste, tout en maintenant une pression franchement extrême !  

Cette tension qui s’installe, qui catalyse l'empathie, la terreur, la souffrance et l’impuissance du lecture, est l’élément fort de ce récit. C’est absolument insupportable ! 

Ce huitième épisode du Département V est pour moi le plus abouti, le plus touchant et le plus captivant. Coup de cœur !!

Anaïs et moi-même, nous vous recommandons ce bouquin !! Bonne lecture.

 

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