Mauvaise conscience, Fabio Benoit
Mauvaise conscience
Fabio Benoit
Éditions Favre / 2019
323 pages
Voici le second polar d’un collègue neuchâtelois, commissaire à la police judiciaire. Après « Mauvaise personne », Fabio Benoit revient vers nous avec une affaire baignant dans le milieu de la pègre.
La conscience est une sorte de connaissance dont on se passerait parfois ! Mais lorsqu’elle est là, ancrée en nous, il faut l’assumer. Que l’on ait été manipulé ou que l’on ait agi sciemment, il faut endosser ses responsabilités et payer. Dans cette histoire, la facture risque d’être salée !
La conscience, bonne ou mauvaise, va titiller bien des personnes dans cette histoire, si ce n’est toutes.
Entre un tueur à gage, méticuleux, tout de même armé de bonne conscience, une femme courant à perdre haleine vers une rédemption inespérée, ou encore un homme de main, aussi colérique que sensible - toujours avec de bons plans ! -, l’auteur va nous guider vers une trame nourrie de violence, de tensions, mais aussi de chantages, de mensonges et de règlements de comptes.
Le ton est sec, découpé à la hache. L’auteur donne la réplique à quelques personnes, flics ou voyous, qui vont se partager les chapitres pour nous accompagner, d’une part, vers la « mise en route » de cette intrigue et, d’autre part, jusqu’au dénouement. L’utilisation de la 1ère personne pour narrer le récit passe plutôt bien.
Trois voitures « visitées » dans le parking souterrain d’un immeuble ; voilà ce qui constituera l’amorçage de l’intrigue. Le vol embarrassant de documents confidentiels et sensibles va mettre la pression à tous les niveaux. Franchement, c’est gênant et c’est la merde !
Nous aborderons ici notamment le « phénomène » des convoyeurs de fonds ou boîtes de sécurité privées, un sujet ô combien actuel ! Le risque est grand, notamment face aux braquages, mais pas seulement. Le risque est également important face à la convoitise du convoyeur ... Je ne rentrerai pas dans les détails, évidemment, mais ce thème est plutôt pertinent !
Fabio Benoit écrit comme j’aime et, évidemment, ça me parle. C’est très flic, c’est concret. Cela peut paraître parfois un peu improbable mais, au final, c’est un cliché fidèle du quotidien de flic.
J’ai néanmoins été gêné par quelques détails. Lorsqu’un polar prend la forme d’une théorie de l’enseignement, ça a tendance à casser le rythme. On en apprend beaucoup, c’est vrai, mais je n’ai pas besoin d’autant de « leçons » sur les rouages d’une procédure ou sur la manière bien personnelle de penser et de réfléchir d’un flic ou d’un criminel pour arriver à ses fins. J’aime les faits. C’est un point de vue évidemment personnel.
Concernant les interactions, je les ai trouvées autant remarquables, drôles et même pertinentes que parfois un peu stériles ou artificielles. Les dialogues m’ont paru quelques fois un peu théâtraux, comme si deux comédiens se donnaient la réplique en ayant appris leur texte par cœur. C’est mon ressenti.
Dernier petit bémol: sans être pour autant inexistantes, les femmes ont tendance ici à être reléguées aux seconds rôles, dommage.
L’intrigue, piquée par endroits d’une belle subtilité, tient terriblement bien la route ! Tout s’enchaîne, tous se déchaînent et ça part direct en vrille. Se faire doubler devient ici un sport national et ce n’est pas un acte qui est vraiment très apprécié !
Le déroulement de cette intrigue suit une trame et une logique aussi impitoyable qu’implacable. L’atmosphère enveloppant cette enquête fait régner un épais brouillard de réalisme !
À lire. Bonne lecture !