Norferville - Franck Thilliez

Publié le par Pascal K.

Norferville
Franck Thilliez

Éditions Fleuve noir / 2024
450 pages

Norferville … La ville du nord et de l’enfer ? Les personnes qui vivent - survivent ? - dans cet abîme glacial et distant de tout pourraient aisément le prétendre sans trop se tromper. Cette cité minière, froide et inaccueillante, située au nord du Canada, sera au cœur de cette trame.

Dans ce récit, Franck Thilliez place deux personnages sous le feu de ses projecteurs. Teddy Schaffran, détective et criminologue à Lyon, et Léonie Rock, flic à la Sûreté du Québec. Ces deux personnes vont être amenées à se rencontrer à Norferville, la fille de Schaffran ayant été retrouvée assassinée là-bas. Franck Thilliez forme ici un beau duo. 

Cette enquête criminelle, qui se déroule dans le trou du cul du monde - désolé ... -, est vraiment originale par sa situation géographique, où se mêlent populations autochtones amérindiennes, Blancs, miniers - pas Bernard -, ou peut-être encore quelques touristes un peu maso dans l’âme.

Dans ce récit, un personnage fort, doté d’une puissance de frappe hallucinante, y ressort clairement. Il s’agit de cette contrée de Norferville. Cet endroit nous apparaît comme étant vivant, avec un cœur de fer qui bat et qui ne s’essouffle jamais. Ce lieu semble bouffer, mâcher et recracher les personnes qui s’y trouvent.

Pas simple de donner une image avec quelques lettres, et encore moins facile de fournir des sensations avec des mots. Le froid, l'éloignement, ici, vous les sentirez jusqu’au plus profond de vos entrailles.

J’ai aimé cette méfiance et cette moite lourdeur qui dégoulinent d'entre ces lignes pour ensuite se greffer dans chaque recoin du récit. Une tension constante, quasi perceptible, règne un peu partout dans cette intrigue. Je pense que c’est surtout dû à cette solide et sordide ambiance qui nous éclate froidement au visage. 

J’ai aimé la puissance des personnages, leurs auras, autant pour ceux qui gravitent dans cette intrigue, que pour ceux qui ne sont plus là. Parfois, l’absence est terriblement présente … 

J’ai aimé le thème, ou plutôt ses dérivés, qui mettent en lumière la violence des attaques et agressions ancestrales des Blancs contre les peuples autochtones. Un viol de l’âme, des racines. On n’en parle quasiment jamais … 

Ce phénomène exprime « à merveille » à quel point notre société est déviante, absorbée par l’avidité, la cupidité, et s’avère être « médaillée olympique » de l’inaction totale lorsqu’il s’agit d’œuvrer pour le respect ou le bien-être humain. Pour la liberté.

Franck Thilliez réduit ici un peu ses thèmes habituels, tels que la torture, la pure terreur ou la folie, au profit d’une solide et remarquable trame assez engagée, plaçant l’humain et ses conditions en son centre.

Mais aussi en plaçant un décor qui prend une place immense ! Oui, Franck Thilliez nous offre ici une vraie ambiance qui pourrait aisément prendre la place du personnage principal !

À lire. 

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