Le miroir des âmes, de Nicolas Feuz --- Ne jamais se fier aux apparences!

Publié le par Paco

Le miroir des âmes
Nicolas Feuz

Éditions Slatkine&Cie / 2018
216 pages

Ce « miroir des âmes » va-t-il faire refléter ce que j’apprécie le plus dans les polars de Nicolas Feuz ? A savoir du bluff, de la manipulation et un dénouement qui remet presque tout en question ?

La réverbération de cette intrigue va-t-elle m’éblouir à l’image d’un « Horrora Borealis » ou encore « Les Bouches » ? Je ne vais pas déblatérer sur le sujet, mais je vous dis juste que les coups de bluffs sont bien présents ! Allez, j’y reviendrai tout de même.

Lors du prologue, c’est un sérieux mal de gorge qui nous gagne. Le rideau s’ouvre sur des actes de torture à vous donner envie de souffrir d’une angine plutôt que de subir les actes perpétrés par un homme surnommé « Le Vénitien ». Même toute l’eau de Venise n’arriverait jamais à éteindre le mal qu’endure sa victime, un flic du canton de Neuchâtel.

Entre des chapitres courts et une écriture nerveuse, nous aborderons ce récit avec aisance, car il a l’avantage de démarrer rapidement. Un attentat à la bombe au centre-ville de Neuchâtel ne pourra que capter notre attention. Un procureur, amnésique et vendu comme incompétent, ainsi que sa greffière, seront placés au-devant de la scène pour nous faire avancer dans cette intrigue.

Les personnages, dès le départ, ne seront que distingués à travers une vitre opaque. Entre un procureur amnésique, une greffière énigmatique, une pute albanaise assez déterminée ou encore des flics agissant d’une manière un peu précipitée, nous aurons quelques doutes quant à l’intégrité de ces personnes. Le reflet d’un individu ne représente pas toujours ce qu’il est vraiment.

Nicolas Feuz ouvrira pas mal de brèches pour tenter de nous déstabiliser, ou plutôt de nous désorienter. Réseaux mafieux de l’Est, terrorisme, traite de femmes, petit(s) branleur(s) extrémiste(s), implications politiques, tueur en série - à gage - amateur de verres de Murano, tout ceci nous sera présenté pêle-mêle pour bien nous embrouiller.

Une ligne sera pourtant claire : un attentat a bien eu lieu et un tueur en série, brûlant ses victimes de l’intérieur, est bien en train de sévir. Reste plus qu’à savoir qui a fait quoi, comment et surtout pourquoi.

Concernant l’attentat, nous allons nous refaire le film à l’envers par le biais de la mémoire défaillante du procureur qui était sur les lieux. Ce que nous allons découvrir en temps réel, par contre, ce sont les raisons de tous ces faits extraordinaires - dans le sens, peu ordinaire - et qui tire les ficelles.

Concernant le volet politique, Nicolas Feuz a mis en place un stratagème dont les acteurs brillent par leur médiocrité. Le bon sens, la morale et toutes les valeurs fondamentales d’un État seront écrasés à grands coups de pompes bien sales. Assumer restera la seule option : il faudra bien que ces mauvais acteurs acceptent le risque de recevoir dans la gueule le boomerang qu’ils ont lancé un peu trop à la hâte.

Dans la seconde partie de cette intrigue, l’auteur nous fera bien réfléchir - comme un miroir ? - sur la fiabilité, la probité et surtout sur l’identité des personnages. C’est assurément ce côté-là qui me plaît dans les romans de Nicolas Feuz, et je le retrouve dans ce millésime. C’est bien amené et bien assez subtil pour nous tromper la moindre. Du moins, c’est mon cas.

Petit bémol : les personnages, justement, sont prometteurs et tellement bien campés que j’en attendais plus de leur part ou, plutôt, j’en attendais plus sur leur compte. Mais, si mes informations sont correctes, nous risquons de croiser à nouveau leur chemin. J’espère alors éteindre cette petite frustration qui me noue l’estomac.

Sinon, l’environnement qui nous accompagne tout au long de ce récit est impeccable. Encore une fois, l’auteur reste très crédible quant aux lieux que nous traversons en compagnie des personnages. Bon, ici, c’est la moindre des choses, Nicolas Feuz joue à domicile !

Et enfin, le dénouement est un condensé de révélations qui place un point final à cette histoire. Le miroir des âmes ne laisserait-il passer que le reflet de notre personne ? Si c’est le cas, toute cette histoire passe à travers ce miroir.

Bonne lecture. 

Publié dans Littérature suisse

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