Les apparences, de Gillian Flynn

Publié le par Paco

Les apparences
Gillian Flynn

Sonatine Éditions / 2012
692 pages

Les apparences, justement, sont souvent trompeuses. J’espère que cela ne sera pas le cas ici. Un fidèle compagnon de lecture m’a assuré que ce thriller était pour lui une référence dans le genre. Mais comme tous les goûts sont dans la nature - si je veux continuer avec les adages... -, le suspense reste entier !

Amy et Nick forment un couple assez standard. Certains jours, ils se supportent, et d’autres un peu moins. Allez, plutôt moins que plus... est-ce du standard ? Ces deux tourtereaux, qui ont quitté New-York notamment en raison de problèmes financiers, ont décidé de s’installer à Carthage, dans le Missouri. Niveau ambiance, dans ce coin longtemps occupé par Tom Sawyer, ça change !

L’onde de choc - pour le mari, pas pour nous - surviendra le jour où il rentrera chez lui et découvrira que son épouse a disparu. J’ai dit « pas pour nous », car nous avons l’honneur de déguster une belle lenteur et un rythme qui devient presque douloureux ! Mais je dis patience...

Nous aurons droit à des flash-backs, histoire de connaître un peu mieux nos deux amoureux qui sont loin d’être sur la même longueur d’onde. Cela aussi, vous me direz que c’est du standard, non ? Ces flash-backs relateront la vie du couple, racontée par Amy, par le biais d’un journal intime.

Si l’on fait un bilan général, c’est un couple qui fonctionnait plutôt bien, très tolérants l’un envers l’autre. Du moins, jusqu’à un certain moment (toujours standard).

Ce thriller aura donc la structure suivante : l’enquête actuelle sur la disparition inquiétante, entrecoupée par les derniers moments vécus par le couple, vus par la femme. Cet aspect, je l’admets, est très subtile.

Le début de cette histoire est long, lent et limite ennuyeux. Mais, en même temps, je me dis que c’est justement l’histoire de bien mettre les choses en place. Du moins, c’est ce que j’espère. Donc, patience...

Et effectivement, au bout d’un - long ! - moment, après tout de même 250 pages, certaines choses deviennent sensiblement déroutantes. Cela sera le début d’une suite assez surprenante, à savoir qu’un(e) individu(e) ne connaît pas forcément son conjoint(e) ! Dans le cadre de la disparition de cette femme, nous allons aller de révélations en révélations. Et là, cette fois-ci je le déclare : c’est nettement moins standard.

Bon, après, j’ai dit que les choses bougeaient, oui, mais au niveau du rythme, ça reste encore assez plat. Bien que ce constat a tendance à m’agacer, je croche. Je le fais car je sens tout de même que cela en vaut la peine. Et c’est le cas. L’étau se resserre petit à petit, cela devient aussi pertinent que déstabilisant.

Le récit choisi son camp, l’écriture devient « à charge », et nous sommes presque obligés de prendre position dans ce sens. Mais cela serait certainement bien trop facile ! 

Et, effectivement, vient à ce moment-là la seconde partie. Et là, c’est le bluff total. L’auteur nous remet à notre place, sans ménagement, et nous humilie. Je ne peux pas entrer dans les détails - spoile -, mais c’est un sacré retournement de situation. Il me semblait bien que c’était bien trop facile, basique et limite naïf comme scénario. Cette lenteur et ce manque de rythme prennent alors tout leur sens. Cela valait la peine d’être patient.

Je vais rester vague sur la tournure que prend cette histoire, mais je dois dire que c’est diabolique et très pervers. Il faut croire que certaines rancœurs finissent sur de grosses rancunes.

L’auteur nous déposera sur un plateau de jeu d’échec sur lequel une confrontation est en cours. Les règles sont dures. Le jeu de l’attaque et de la défense à l’américaine va s’avérer être coriace et sans concession. L’opinion publique fera également partie des règles, mais aussi les subtiles manipulations de la presse.

De plus - surtout ! -, nous allons être confrontés à un cerveau qui rassemble les qualificatifs suivants : malade, souffrant, haineux, calculateur / manipulateur, jaloux, patient et même brillant, crachant de la méchanceté pure.

C’est une histoire qui énerve, qui use, qui rend fou ! Franchement, oui, c’est brillamment conçu !

Le dénouement est surprenant. L’auteur pousse la perversion jusqu’à son paroxysme. Au final, on peut imaginer que l’être humain est capable de s’adapter continuellement... C’est effrayant. Notre fonctionnement psychique est effrayant...

Bonne lecture.

Commenter cet article