Dans le livre des rêves - Mikkel Birkegaard

Publié le par Pascal K.

Dans le livre des rêves 
Mikkel Birkegaard

Éditions Fleuve noir / 2013
509 pages

Ce n’est pas un polar, encore moins un thriller, mais c’est un joli récit truffé d’énigmes, doublé de mystère, qui nous fait évoluer dans des lieux aussi occultes qu’ensorcelants. Oui, il y a une part de fantastique, mais qui reste très bien dosée. Eh oui, sinon, ce n’est pas mon truc.

Année 1856. Nous sommes à Copenhague et nous croisons la route d’un petit gars qui vient de perdre son père. Son corps a été repêché dans le port.

Ce petit garçon, Arthur, qui va grandir au fils des pages, va nous raconter son aventure qui lui a permis de croiser la route de l’illustre Mortimer Welles, restaurateur de livres anciens, et qui lui a permis également d’obtenir la vérité sur la mort de son père. Il va d’ailleurs suivre ses traces qui l’ont conduit à une mort certaine.

C’est franchement bien écrit - traduit -, c’est frais, c’est franc et assez touchant. Le « climat » de l’époque est vraiment bien brossé. Copenhague … Les riches à l’intérieur de la ville, les pauvres à l’extérieur, limite dans la merde. C’est blanc ou noir.

La vie chaotique du petit Arthur le conduira immanquablement vers l’extérieur, vers la misère. Mais Arthur, instruit et curieux, méritant bien mieux que ça, va être pris en charge par ce fameux restaurateur de livres anciens. Et tout va vraiment démarrer … 

Il faut savoir qu’à cette époque, le Ministère du livre décréta que certains bouquins étaient tout bonnement interdits. Et ça ne rigole pas ! On ne lésine pas avec le savoir. L’Etat choisit ce qui est considéré comme LA vérité, et le reste de la littérature est brûlé, point barre. Le savoir serait-il le pouvoir ?

Mais des rumeurs racontent qu’une Bibliothèque secrète conserverait tous ces ouvrages interdits depuis des siècles … Existe-t-elle vraiment ? Mystère. Mais nous allons le savoir en compagnie d’Arthur, ce personnage qui m’a vraiment touché, ainsi qu’avec une panoplie de personnages fascinants.

Entre quêtes, énigmes et ambiance délétère, l’auteur nous pousse dans une aventure fascinante, dans un décor du XIXème siècle.

Pour bien des bouquins, j’ai désigné l’atmosphère comme étant un personnage à part entière. Ici, ce sera le livre qui va prendre cette place de choix. Le livre - l’objet, mais aussi son entité, sa force, ses controverses - matérialise l’âme même de cette histoire.

Entre rêves, imaginaire et réalité, en passant par des phases d’hallucinations, d’illusions, mais aussi d’authenticité, nous découvrons ici une histoire attachante, une expérience stimulante, qui nous conduit vers le savoir, et paradoxalement vers la censure. C’est bien pensé.

Mais cela nous conduit également vers l’horreur. Des questions me viennent du coup à l’esprit : quel prix est-on prêt à payer pour s’approprier la connaissance absolue, ou alors jusqu’où serions-nous prêts à aller pour conserver le savoir illimité ?

Ce titre expose bien des zones grises, avec un immense questionnement sur la moralité ou l’éthique. Ce récit est une puissante allégorie du savoir !

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