Le mangeur d'âmes, Alexis Laipsker

Publié le par Pascal K.

Le mangeur d’âmes
Alexis Laipsker

Éditions Michel Lafon / 2021
350 pages

Violent. C’est de cette manière que je définis le ton qui nous enfourne dans cette histoire bien brûlante et sensible. Violent et pernicieux. Honnêtement, j’ai croché dès la deuxième page. Pourquoi ? La curiosité. Quoi ? C’est un vilain défaut ? Peut-être, mais je m’en tape, je voulais absolument savoir qui se cache derrière le fumier qui nous crache ces vilenies dès le départ.

Je découvre cet auteur avec beaucoup d’intérêt. L’écriture, l’atmosphère et - surtout ! - les interactions entre les personnages sont saisissantes : style vif, maîtrisé ; atmosphère envahissante, incommodante et accaparante ; interactions animées, subtiles et éloquentes. L’épaisseur d’âme des personnages est franchement respectable ! J’adhère.

Et il y a cette trame qui fait mal. Nous abordons ici le thème de la pédophilie et de l’enlèvement d’enfants. Ça touche, évidemment, et l’auteur en est incontestablement bien conscient. L’enfant, ici, en prend pour son grade.

J’ai aimé suivre à la trace ce « couple » d’enquêteurs que l’auteur place sur notre chemin. Elle, issue de la criminelle, réservée et méfiante. Lui, issu de la gendarmerie, extraverti et tenace. Leurs enquêtes respectives initiales vont immanquablement les mener dans une même direction, vers un même but. Leurs investigations vont s’avérer être liées et il va falloir bosser ensemble. Étant donné que tout les oppose, à commencer par leurs méthodes, le spectacle et les fameuses interactions dont je parlais en deviennent franchement succulents !

L’auteur déroule cette trame au sein d’un petit village de montagne qui nous ferait rebrousser chemin au premier contact. C’est sombre, lugubre, inhospitalier et même un peu inquiétant. Cette ancienne station thermale, mise à terre par la crise, va être contrainte de nous cracher d’ignobles souillures au visage à force d’être sondée par nos enquêteurs.

La structure que l’auteur a choisi d’assembler pour élever l’énigme jusqu’à son dénouement est intéressante. Alexis Laipsker pose les pièces du puzzle devant nous, l’une après l’autre, totalement dans le désordre. Nous entrevoyons donc une image, mais elle reste incomplète et assez floue. Il ajoute ensuite quelques pièces supplémentaires, pour nous aider et titiller un peu notre jugeote, mais il finit par toutes les mélanger à nouveau, pour nous faire douter jusqu’au bout. L’auteur sait battre les cartes …

Le dénouement est déchirant et surprenant à la fois. Je ne vais évidemment pas vous en parler. Dans ce bouquin, une fois de plus, la notion de justice est mise en cause - mon péché mignon ! Rendre justice ... Quelle épreuve difficile non ? Tout n’est pas strictement blanc ou noir, dans la vie. Et toutes ces nuances qui en découlent, en nombres infinis, rendent vraiment la tâche compliquée et délicate.

Alexis Laipsker nous présente ici l’une de ces nuances, et je peux vous affirmer que ce n’est pas la plus simple à traiter ! La justice peut finalement engendrer bien des dilemmes, mais aussi générer, indirectement, des actions désespérées ...

Bonne lecture. 

 

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