Guerilla, Laurent Obertone

Publié le par Pascal K.

Guerilla 
Laurent Obertone

Éditions Ring / 2016
415 pages

Une action engendre en principe une réaction. Celle qui est menée ici va générer une merde sans nom. Cet acte ponctuel et légitime, provenant d’un policier coincé dans une citée parisienne, va mettre le feu aux poudres, et ceci dans tous les sens du terme. Légitime oui, mais tout le monde ne semble pas partager cet avis !

Violences policières ... Vu les temps qui courent, ce sujet m’apparaît tel le mythe de Sisyphe : un éternel recommencement. L’approche de Laurent Obertone est intéressante et me fait méchamment grincer des dents ! Il vise juste.

L’auteur pousse le lecteur vers un condensé de violence et de rage. On s’assemble, on se rassemble, puis on se divise et on ne se pose plus trop de questions sur la réalité les faits. C’est la guerre à Paris.

En quelques minutes, quelques heures, l’opinion publique est pour ainsi dire scellée, verrouillée. La sphère politique entame ce qu’elle sait faire de mieux, du bla bla de faux-cul qui passe bien - je condamne les faits ! Toute la lumière sera faite ..., etc -, et toutes les associations ou mouvements en tous genre placent leurs valeurs respectives en avant, sans trop se poser les – bonnes ? - questions non plus.

Au final, la véracité des faits passe presque au second-plan ! Un flic a tué, c’est une honte pour la France. Racisme, police sous pression, bavures, tabassages, tout y passe. Mais, à ce stade, personne ne sait vraiment ce qu’il s’est réellement passé. Vous voyez ... ?

La presse en rajoute évidemment une couche. On débat, on dégueule sa science, on condamne mais, surtout, on ignore encore les faits. Mais chacun sait que ce n’est pas tant la vérité qui compte que l’illusion que l’on s’en fait. Il faut plutôt utiliser les retombées de ces événements à bon escient. De l’acrobatie, de la haute voltige - sans filet !

Avec ce récit « choral », nous allons pouvoir entendre et suivre le point de vue de plusieurs personnages-clé, à savoir politiciens, flics, artistes, profs, journalistes, extrême-gauche / droite, terroristes, influenceurs, et j’en passe. A en écouter certains, mon grincement de dents a failli se muer en une implosion de mâchoire !

Ce récit dénonce la lâcheté, l’abus de pouvoir, les mauvais choix ou encore les faits non assumés ! Que cela soit pour l’Etat ou le peuple, selon cette histoire, rien n’est assumé et la peur domine. On tolère, on baisse les culottes, on rage, on crie au scandale, on fait du bla-bla-bla mais, au final, on ne fait pas grand-chose. Où se situent les intérêts ? C’est peut-être LA question. La communication va également endosser un rôle crucial, voire déterminant.

La France divise. L’auteur nous le fait bien comprendre avec ce récit d’une rare violence. Au fil des pages, l’espoir vacille, diminue puis s’éteint. On ne se comprend plus, on se fractionne, on se scinde, on se défend ou alors on attaque. Les alternatives raisonnables appartiennent au passé.

Laurent Obertone, avec ses propres théories, nous montre comment une société peut partir en vrille jusqu’à son extinction. Ça va loin, très loin, mais est-ce vraiment une pure fiction ou alors un récit d’anticipation aux probables retombées ? L’avenir nous le dira !

Cela doit être le récit le plus désespérant que j’ai eu l’occasion de lire jusqu’à présent. Ce n’est plus de la noirceur, c’est carrément un trou noir qui aspire et bouffe toute perspective, quelle qu’elle soit ! Au final, j’estime que ce bouquin mérite d’être lu. L’enchaînement est plutôt intéressant et fait tout de même réfléchir.

Je finirai avec cette phrase, assez neutre : il n’y a pas qu’une seule vérité en ce bas monde. A méditer ! 


Bonne lecture. 

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E
A préciser qu'il ne s'agit pas de ses propres théories, mais que l'histoire est entièrement basée sur les hypothèses de travail du renseignement français.
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P
Peut-être !