Glen Affric, de Karine Giebel --- L'injustice dans toute sa splendeur !

Publié le par Pascal K.

Glen Affric
Karine Giebel

Éditions Plon / 2021
762 pages

« Léo le triso »
« Léonard le connard »


Nous comprendrons assez vite ici qu’un ado victime de persécutions, de moqueries et de mépris, sera le héros de ce bouquin. Notre héros. Les gamins sont parfois cruels entre eux, c’est indéniable, non ? Uniquement les gamins, d’ailleurs ?

Léonard n’est pas un connard, bien au contraire, mais Léo souffre d’un retard mental. Malgré sa grande taille et sa force herculéenne, Léo manque peut-être un peu de courage et, surtout, c’est un gentil gars. Léo souffre, il aimerait être ailleurs, évidemment ! Mais où ?

Karine Giebel nous emmène dans l’univers de ce jeune homme attachant, dans un petit village au sein duquel nous pourrons constater que l’être humain peut parfois être odieux et méprisable, principalement face à l’altérité. Cette petite bourgade en sera l’exemple mais, au final, elle représentera assez justement l’état général de notre société. Franchement, il y a tout de même une sacrée brochette de connards frustrés sur cette planète. Ce sont des propos qui n’engagent que moi, bien entendu.

Être cruel face à la différence, est-ce de la peur, de la rancœur ou juste le besoin de se sentir supérieur ? Est-ce dû à un manque d’éducation, est-ce de la bêtise ? C’est peut-être un peu tout cela à la fois et l’auteure vous le démontrera par cette histoire touchante, profonde et, encore une fois, cruelle.

Nous irons également faire un long séjour dans le milieu carcéral, une ambiance que Karine Giebel nous a déjà fait connaître, notamment dans « Meurtres pour rédemptions ». Celles et ceux qui se souviennent de ce titre doivent certainement être en train de repenser à Marianne ! Bref … Une autre forme de violence prendra forme entre ces murs - et même après, à l’extérieur -, celle liée à l’injustice. Quel paradoxe !

Karine Giebel fait monter en nous une rage énorme, brute, violente. Elle ne mâche pas ses mots pour élaborer un scénario dégoulinant de cruauté. Notre jeune héros, suffoquant sous le poids de son handicap, va se retrouver dans un univers bien trop hostile pour lui. C’est intense, c’est profond, c’est touchant, c’est révoltant, mais l’espoir perdure toujours. Tant qu’il y a des rêves, il y a de l’espoir, non ?

Avec ce titre, Karine Giebel décortique et place devant nos yeux les dysfonctionnements de la nature humaine, en démontrant à quel point l’Homme peut être lâche, jaloux, reître ou encore chiard. Mais elle plantera aussi devant nos yeux les innombrables répercussions d’un système judiciaire qui est, vous vous en doutez, loin d’être parfait. Le jugement sera un peu au centre de ce récit, et pas seulement celui émanant de la justice ! 

Puis, pris dans ces rouleaux de dysfonctionnements que je viens de citer, nous nous focaliserons sur une histoire familiale déchirante, que l’auteure nous fera découvrir en profondeur. 

Sincèrement, c’est l’horreur absolue et ça fait mal. Les conséquences de l’abandon, du mépris ou encore de l’indifférence seront au cœur de ce récit qui va atteindre le nôtre en plein centre, en nous arrachant quelques tripes au passage. C’est touchant.

Mais parmi toutes ces souffrances et ces terribles déchirements - qui vont crescendo -, nous allons tout de même vivre une belle histoire d’amitié, de fraternité, de complicité, et peut-être même d’amour.

Ce bouquin est à lire pour cette profondeur qu’il dégage sur la nature humaine, sur les contacts humains, que ce soit dans le meilleur ou dans le pire ! Comme moi, je pense que vous refermerez ce livre avec des tonnes d’émotions qui s’entrechoqueront les unes contre les autres, ce qui provoquera énormément de bruit en vous. Le retour au calme sera long et difficile.

Bonne lecture. 

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A
Un bon cru de l'auteure, alors.
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