Le loup peint, Jacques Saussey

Publié le par Pascal K.

Le loup peint 
Jacques Saussey

Les éditions du Toucan / 2016
Le Livre de Poche / 2017
470 pages 

Jacques Saussey nous casse bien le moral après seulement quatre ou cinq pages tournées. La trame s'ouvre sur Vincent et Estelle, un couple à la dérive face à un deuil - l’un des plus douloureux dans des circonstances violentes -, une rupture de confiance, du dégoût, soit une addition très salée, préparée et apportée par une vie parfois plutôt vache ! Et il faut encaisser ... 

Il faudra surtout encaisser le fait que les emmerdes, c’est bien connu, ne viennent jamais seules, mais en groupe, comme une sale bande de loubards. Elles viendront ici sous la forme d’individus circulant de nuit, à bord d'une BMW, sur une route peu fréquentée. Vincent, désormais abonné aux fameuses emmerdes, va croiser leur route et même y trouver une certaine convergence !

Profitez-bien de ce moment, vous allez découvrir le manuel complet des choses à ne pas faire, limite à vous demander si le gars n’est pas un débile profond ! Aïe, là j’ai trouvé que c’était un peu poussé. Mais bon, quand on est un peu couillon, autant aller jusqu’au bout des choses.

Ça a l’avantage de fournir tous les ingrédients qu’il faut rassembler pour obtenir les emmerdes maximales ! C’est donc à un putain de coup monté que nous allons assister. 

Le genre de truc qui fait douter la terre entière tellement c’est tordu, magnifiquement bien tordu ! Pour le lecteur, ça aiguise les nerfs jusqu’au tronc ! C’est gênant, oui cette lecture est dérangeante ! On aurait envie de crier assez fort pour que notre voix traverse les pages et atteigne les protagonistes de cette histoire, pour les mettre sur la bonne voie !

Ça part rapidement en vrille et c’est violent ! Jacques Saussey - c’est bon à savoir - n’a pas vraiment de filtre. C’est brut de décoffrage ! Pour les âmes sensibles ou larmes faciles, attention, ça heurte parfois la moindre ! C’est cru, ça craque sous la dent et ça libère pas mal de noirceur. Certains dialogues, francs, cash et corrosifs, sont absolument remarquables. Jacques Saussey, comme les flics dans cette affaire, sait faire parler les gens ! 

Dans cette trame, un personnage vous paraîtra diabolique. Difficile de cerner ce personnage dont l’esprit navigue entre un état de victime, de martyr, en passant par celui de justicier, de manipulateur, pour finir dans la peau d’une véritable mante religieuse. J’ai eu beaucoup de mal à définir cette personne qui est plutôt extrême et radicale ! 

Cette lecture a quelque chose de stressant. L’auteur met en place une trame qui nous conduit vers des contextes plutôt angoissants. D’une part, nous avons cette histoire avec ce mec qui aligne, malgré lui, toutes les emmerdes possibles et imaginables et, d’autre part, nous sommes face à un souci majeur qui peut rapidement glisser vers une menace au niveau national. Le loup peint n’y sera pas étranger. 

L’enquête de police que nous suivons ici est intéressante, car elle est également menée en parallèle par un flic, ou plutôt deux flics, qui n’ont l’air de rien, surtout pas de fins limiers. Et pourtant ... Il faut réfléchir et observer les gens qui nous entourent avant de les juger, non ? Ils ont parfois des ressources insoupçonnées. Je pense que la jalousie nous place aussi parfois des œillères, afin de nous empêcher de voir celles et ceux qui pourraient nous passer devant !

Bref, ça part dans tous les sens, et avec fracas. Jacques Saussey, avec une belle maîtrise stylistique, va mettre tout ceci dans un ordre quasi militaire, ce qui nous permettra de prendre une direction précise et plutôt sombre. Quel emboîtage de pièces ! A lire.

Bonne lecture.

 

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A
Un auteur que j'apprécie de lire. Titre noté, ça a l'air un peu barré.
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P
Un peu oui !