De cauchemar et de feu, Nicolas Lebel --- Macabre balade nord-irlandaise !

Publié le par Pascal K.

De cauchemar et de feu
Nicolas Lebel

Editions Marabout / 2017
634 pages

4ème de la série, dans l’ordre, c’est important (pour moi) ! Je continue donc sur ma lancée. Quand on aime, on ne s’arrête pas comme cela, sans raison. Lorsqu’on aime les personnages, l’ambiance, l’atmosphère, les sujets traités, la pertinence, la qualité ou la force des interactions, des dialogues, on n’en reste évidemment pas là.

Nous retrouvons le capitaine Mehrlicht et, c’est fois, j’ai trouvé une personne qui le décrit assez bien ! Comme ça, ce n’est pas moi qui vais en parler, encore et encore :

« La comparaison avec la grenouille était flatteuse. La rainette à laquelle on associait le petit capitaine de police avait dû agoniser de longues heures sous un soleil de plomb avant de passer sous une roue de camion. Puis d’être mâchée par un renard... » page 19.

Notre petit capitaine-batracien va débuter ici son enquête dans les chiottes d’un pub irlandais, à Paris, où une personne a été retrouvée sur les gogues, un trou dans chaque genou et un dans la tête. Un Nord-Irlandais. Le thème est lancé.

Son corps va bien sûr nous parler, aidé par le traducteur et dernier interlocuteur légal des morts : le médecin légiste. Un corps qui va nous raconter une histoire, du moins quelques bribes.

Cette histoire va nous emmener en Irlande du Nord, durant une période très critique, soit vers la fin des années 60. Vous connaissez certainement cette triste période qui a « abouti » à ce dimanche sanglant, à ce massacre perpétré par l’armée britannique contre la minorité catholique de l’Irlande du Nord. Nous serons ici en plein dedans, dans un chaos total, lors de manifestations pour la revendication des droits civiques, - le droit d’être libre ! - en pleine guerre civile.

Je ne vous ferai pas une leçon sur ce conflit déchirant, car vous avez certainement des dictionnaires qui prennent la poussière dans vos étagères, pour en savoir davantage.

Les violences du passé nord-irlandais vont rattraper celles d’aujourd’hui et même s’y confondre. Entre passé et présent, nous allons faire quelques allers-retours de plus en plus explicites. L’auteur va rassembler les pièces d’un puzzle poussiéreux qui a débuté il y a bien longtemps.

C’est très violent, oui, mais ça reste une triste réalité. Celle-ci, d’ailleurs, est parfois bien plus violente et vicieuse que la fiction. Déambuler dans les rues et les quartiers de Derry, en Irlande du Nord, nous donnera un bon aperçu de ce que représente parfois l’être humain. Ne plus croire en l’Homme ? A méditer. Moi j’ai mon propre avis sur la question !

La haine, la trahison et la vengeance vont s’assembler ici pour former un trio inquiétant. Paris va s’avérer être le centre névralgique d’une menace assez troublante qui va planer sur la capitale tel un phénix à l’affût (je ne sais pas si ça se dit mais je tenais à placer le mot phénix)! 

En parallèle, Mehrlicht et son équipe sont confrontés à une enquête plutôt brûlante, à savoir des britanniques qui finissent grillés comme des morceaux de rosbeef.

Nicolas Lebel, fidèle à lui-même - du moins à son écriture -, nous laissera avec nos réflexions suite aux faits divers relatés dans son récit en marge de la trame principale. Le terrorisme coule dans ce récit d’une eau sale et malodorante. Nous survolons cette violente lâcheté perpétrée au gré de la folie.

Quelques réflexions également sur les religions, les croyances, leur utilité ou simplement leur légitimité. Nous pourrons dès lors nous identifier à certains personnages qui ont, sur ce sujet, des idées bien préconçues. Pour moi, c’est Mehrlicht, sur toute la ligne !

J’aime beaucoup le parallèle que fait l’auteur entre le terrorisme, tel que nous le connaissons actuellement, et la montée en puissance d’un jeune prêtre en Irlande. Placer des idées(ologies) plein la tête, bien secouer, encourager et rendre tout ceci bien légitime avec de belles paroles. Sacré cocktail ! 

Plus on avance dans la série, plus on s’approche de l’essentiel. Et c’est quoi ? C’est la vie, l’humain, notre propre pomme. Nous ouvrirons donc encore un peu plus la porte qui laisse apparaître la vie du capitaine Mehrlicht, et nous pourrons ainsi nous immiscer un peu plus dans sa vie. Nous allons pouvoir le comprendre davantage et le cerner un peu plus. Ce n’est pas du luxe !

Nous allons pouvoir observer son âme, celui d’un homme seul, triste et mélancolique, qui n’arrive pas à franchir le pas. Le deuil est un cap qui ne s’enjambe pas d’un claquement de doigts et notre petit commissaire en sera la preuve vivante. Cet homme semble stagner en apnée entre deux séquences de vie, sans pour autant pouvoir s’y arracher.

Néanmoins, au niveau du job, ses subordonnés - et ses supérieurs ! - pourront compter sur lui comme sur personne d’autre ! D’ailleurs, leur enquête va débouler sur du lourd, vers un dénouement qui ne semble finalement pas leur appartenir. Je pourrais peut-être même dire qu’ils vont devoirs régler des crimes livrés en importation directe !

C’est accompagné d’un rythme irrégulier, c’est-à-dire de plus en plus rapide, que nous allons atteindre le fin mot de l’histoire. Un compte à rebours est d’ailleurs en branle depuis le début de ce polar.

Une petite pensée pour le peuple nord-irlandais qui aura toujours bien du mal à définir qui sont ses héros du passé ! Troublant.

Bonne lecture. 

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L
J'adore Nicolas Lebel et ce livre en particulier a été un vrai coup de cœur pour moi.
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P
C’est sûr ! Me réjouis du prochain ...
R
ha ha ha c'est parfait, j'ai bien ri : (je ne sais pas si ça se dit mais je tenais à placer le mot phénix)!
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P
Ahah !
A
Un auteur que j'apprécie.
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P
On est deux !