Pour ne rien regretter - Henri Loevenbruck
Pour ne rien regretter
Henri Loevenbruck
XO Éditions / 2024
330 pages
Aïe, mon avis est très mitigé. C’est compliqué …
Après avoir tourné juste quelques pages de « Nous rêvions juste de liberté », je pouvais déjà me forger ma propre opinion : une putain d’écriture constituée d’une encre qui s’infiltre et coule directement dans les veines ! Et ici ?
Eh bien là aussi, quelques pages seulement suffisent pour te happer et t’embarquer dans le cœur de l’histoire, et dans celui des personnages. L’écriture de l’auteur, avec son encre qui semble se greffer à la peau, te laisse une empreinte persistante, une sorte de tatouage dont l’image te parle de la vie. Par contre, pour moi, ce n’est pas du tout une suite de « Nous rêvions juste de liberté ». L’âme de ce titre, ici, n’y est pas du tout.
Bref, je n’ai pas été conquis jusqu’au bout. J’y reviendrai.
Nous nous approchons de Véra, une jeune fille solitaire de Providence, atteinte d’autisme. En fait, c’est elle qui va nous conter cette histoire, avec ses propres mots, son propre discernement, son propre cœur. D’ailleurs, je ne peux qu’admirer la finesse avec laquelle l’auteur a su retranscrire ses propos. Énormément d’adresse et de richesse dans cette maladresse liée au vocabulaire ! J’ai aimé.
À travers la voix de cette fille, Henri Loewenbruck dresse un portrait alarmant d’une société de plus en plus malade. Avec quelques coups de plume incisifs, il grave profondément dans notre cervelle le processus par lequel une société en vient à se désintéresser complètement - pour ne pas dire profiter, se foutre de la gueule … - de ceux qui la composent.
Oui, tout cela est juste - ô combien c’est juste ! -, mais ce thème de « la planète souffre faut la sauver » ou ce côté moralisateur me fatiguent. Cela fait bien longtemps, malheureusement, que nous avons compris que le profit, le fric et le méprit dirigent ce monde et passe au-dessus de tout, planète comprise. Je le sais. Je ne cautionne pas, je ne l’accepte pas, mais je le sais.
Bref, du coup, avec Véra, nous explorerons cette société, mais avec une approche bien distincte, axée sur l’amitié, l’authenticité, l’enthousiasme, ou encore un esprit combatif face à une société bien décevante face à un pouvoir indestructible et violent.
Je dois cependant exprimer mon désaccord quant à la représentation des flics dans ce texte. La description me semble exagérée, comme si l'auteur cherchait délibérément à susciter l'antipathie envers la police. Bien que les violences policières soient parfois une réalité indéniable, l’image créée ici frôle l'aversion systématique envers les flics. Il s'agit bien sûr de mon opinion personnelle.
Je n’ai pas aimé la dernière partie de ce texte qui va bien trop loin. C’est trop. Trop quoi ? Je ne sais même pas comment l’expliquer. Trop dans l’extrême. Je cautionne le fond, mais pas la forme.
Cette vision utopique post-apocalyptique qui s'impose à nous m'a laissé assez dubitatif, m’a dérangé, sans que je parvienne vraiment à me l’expliquer.
Du coup, je ne parviens pas à en dire davantage à part peut-être que, au final, cette recherche de plénitude et de liberté est assurément très digne, mais pas sous cette forme. Dans « Nous rêvions juste de liberté », nous avions le fond, la forme, et une puissante sensation de recherche de liberté que je n’ai pas retrouvée ici.