Le seul coupable - Jacques Saussey
Le seul coupable
Jacques Saussey
Éditions Fleuve noir / 2024
426 pages
Un retraité de la PJ de Lyon, qui s’est établi dans le Var, voit tous ses souvenirs et la maison familiale partir en fumée. L’incendie est criminel. L’auteure des faits, rapidement identifiée, va ramener l’ancien flic vers d’autres souvenirs, lorsqu’il était encore en activité.
Une affaire classée, jugée et bouclée à double tours va être éventrée. Tout son contenu, rempli de contradictions et de remises en question, va s’étaler sur le sol et couvrir bien des vérités.
Jacques Saussey tombe plutôt bien avec un lecteur tel que moi lorsqu’il s’agit de reprendre une vieille enquête criminelle. J’aime lorsqu’il faut remonter les aiguilles du temps pour aller chercher une vérité qui s’était plutôt bien planquée à l’époque des faits.
J’aime ça, car le temps qui passe, c’est la vérité qui fuit. Du coup, il faut s’armer d’une bonne dose de perspicacité, de feeling et de rigueur pour faire parler un passé muet à bien des égards. Mais il faut aussi avoir la capacité de porter un regard différent sur des faits identiques.
La culpabilité sera ici un point à mettre au clair.
Il y a différentes façons d’être coupable. On peut se sentir coupable - à tort ou à raison -, être coupable - face à la justice … -, ou encore croire que quelqu’un l’est. Jacques Saussey va mélanger ces divers états liés à la culpabilité pour nous glisser entre les mains un récit redoutable et complexe à ce qui a trait à la nature humaine.
L’auteur tisse une toile solide à la géométrie - variable - plutôt bien conçue. L’avancée de l’intrigue, assez morbide, fait parfois froid dans le dos. Les éléments qui sont déterré durant ce récit sont pour moi fascinant. Les relations avec la mort sont intéressantes, malsaines et nous poussent vraiment à réfléchir sur certains comportements, vous verrez.
J’ai aussi aimé le fait que l’auteur décortique la vie privée et intimes des flics qui enquêtent dans cette histoire. C’est une approche bienveillante et très humaine sur des hommes et des femmes qui le sont tout autant. Ne l’oublions pas …
Ce récit dépeint une grande noirceur. L’âme humaine évolue ici dans l’obscurité la plus totale. Jacques Saussey épluche avec une grande application les couches qui composent la personnalité des protagonistes, parfois jusqu’à la dernière, celle qu’on ne voudrait pas se défaire.
À lire.