Soufre - Nicolas Druart
Soufre
Nicolas Druart
Éditions Harper Colins - Noir / 2024
391 pages
Quel plaisir d’embarquer dans un récit imaginé par le roi du coup de bluff ! Nicolas Druart, dès son premier bouquin, m’a immédiatement alpagué pour ne plus vraiment me lâcher. Au fil de ses thrillers, j’ai pu me rendre compte que cet auteur avait un vrai don pour ce genre littéraire qui n’est pas si évident à apprivoiser. Souvent, ça passe ou ça casse. Pas d’autres alternatives.
Encore une fois, ça passe, et plutôt bien ! Usant sans aucune retenue de l’angoisse, l’appréhension ou encore de la frayeur, Nicolas Druart, par le biais de ses personnages, nous balance un condensé de tous ces états dans la tronche.
L’auteur joue clairement sur les terreurs qui nous ont parfois côtoyer de près ; un bruit, une ombre, une silhouette, ou rien du tout. L’imagination, ou pas. Les fameuses légendes urbaines, vous connaissez ? Ces récits angoissants dont on n’ignore parfois l’origine ou que l’on doute souvent de la véracité. Bref, l’auteur va clairement aller dans cette sombre et fascinante direction pour justement nous faire douter.
Et nous ne serons pas les seuls à douter lorsque la PJ de Toulouse constatera que le déroulement d’un crime, commis dans une cabine du téléphérique urbain, n’est absolument pas rationnel. Et pourtant … Les preuves sont là. Très paradoxal !
Entre une Youtubeuse gothique, éprise de faits divers étranges, une petite fille cartomancienne dans une fête foraine, des réseaux sociaux qui s’enflamment, ou encore des flics n’osant pas croire ce qu’ils voient, l’auteur nous bouscule avec une trame originale qui a l’avantage de nous faire cramer les méninges.
Nicolas Druart diminue toujours un peu plus le diamètre du tuyau qui laisse passer la pression liée à cette intrigue, ce qui a comme effet de la faire augmenter toujours un peu plus.
J’ai aimé le côté persévérant et acharné du flic que nous suivons dans cette histoire. J’aime le côté intuitif dans une enquête criminelle, car c’est un sentiment très fort qui ne se manifeste jamais au hasard. Il faut vraiment croire à son instinct.
J’ai aimé cette ambiance sombre, humide et froide, qui met en scène un petit monde plutôt méconnu, mais qui est souvent stationné très près de chez vous …
Sans trop en dire non plus, évidemment, les motivations de l’assassin - oui, il y a un assassin dans cette histoire - sont pour moi le point fort de ce récit. Au niveau sociétal, c’est très pertinent.
L’auteur met en avant cette grande faiblesse qui ligote toujours un peu plus notre société qui abrite des gens qui deviennent franchement un peu crétins, suiveurs, hors de la réalité, égoïstes et qui ne réfléchissent plus vraiment par eux-mêmes. Des proies ? Triste réalité. La morale de cette histoire est aussi juste que décevante.
La faute à qui, à quoi ? Ça, c’est la toute grande question.
À lire, c’est évident.