Peines perdues - Nicolas Lebel --- Une redoutable tragédie en cinq actes

Publié le par Pascal K.

Peines perdues 
Nicolas Lebel

Éditions du Masque / 2024
250 pages

Ici, pas de Capitaine Mehrlicht. Ainsi, vos yeux seront épargnés des volutes de fumée aveuglantes de ses Gitane, et vos oreilles ne vibreront pas aux rythmes des quelques salves piquantes émanant de ce touchant acariâtre. La Côte-Rôtie, par contre, elle m’aura un peu manqué ! Du coup, je m’en suis descendu une … Aïe.

Vous ne croiserez pas non plus notre chère amie Chen, avec son caractère d’enclume renforcée. Non, vous ne les rencontrerez pas ici, mais vous n’allez rien perdre au change !

Nous sommes ici en taule. Vous prenez un peu toutes les merdes, tous les crimes, soit toute la violence de la société, vous la mettez dans une boîte, vous appuyez bien fort dessus pour bien faire passer tout ça et vous la fermez à double tour. Cela représente un peu l’univers carcéral du jeune Théo, qui purge une peine de 4 ans pour avoir accidentellement tué une femme avec sa voiture.

Vous ajoutez dans ce récit le mari de la victime, ainsi qu’un autre détenu ayant un lien avec le mari et Théo, leurs compagnes, et vous avez là les acteurs principaux de cette pièce de théâtre aux issue ambiguës, ne faisant aucune concession.

L’angle d’attaque de Nicolas Lebel est franchement fascinant pour tout ce qui a trait à la culpabilité, la haine, la douleur ou encore la vengeance. Les actes de ce huis clos très théâtral, ne dévoilant que très peu d’espoir, s’ouvrent et se referment sur des scènes révélant des conditions humaines confuses et tortueuses, aux « destins » bien incertains.

Ce redoutable récit en cinq actes est effroyablement bien huilé, réglé comme du papier à musique ou, encore mieux, comme une montre suisse. Toutes les destinés semblent bien scellées, et pourtant …

Tout acte engendre des conséquences. Ceux que nous réalisons, mais aussi ceux que nous ne commettons pas. Chaque action, ici, provoquent des réactions sur nos divers protagonistes qui évoluent un peu en vase clos. En parlant de vase, d’ailleurs, nous pouvons également prétendre que ce récit évolue en fonction du principe des vases communicants, dont un acide bien aigre serait le liquide !

Les interactions humaines suivent et respectent ici une sorte de mécanique. Tout le monde se tient par les couilles, les rôles changent, s’intervertissent ou sont carrément redistribués, à l’instar de tout le jeu de cartes représentant cette intrigue.

Finalement, quoi de mieux qu’une prison pour y insérer tous les rouages d’une véritable tragédie ? Ainsi va la vie … 

À lire absolument. 

Commenter cet article