L'hallali - Nicolas Lebel
L’Hallali
Nicolas Lebel
Éditions du Masque / 2023
280 pages
Bon dieu, cette trame relève du génie …
Ce n’est pas encore cette fois-ci que vous allez vous remettre à tousser, en reniflant les volutes de fumée émanant des Gitanes de Mehrlicht, ni d’ailleurs vous attabler avec lui en descendant quelques verres de Côte-Rôtie. Mais ça, ce n’est pas grave du tout !
Eh oui, on enchaîne avec Chen - mauvais jeu de mots, je sais … -, cette flic au caractère aussi dur qu’une enclume, qui nous tient en haleine depuis « Le gibier », en passant par « La capture », formant la série « Les Furies ». On troquera donc la Côte-Rôtie par du Mojito, c’est bon aussi !
Je ne le cache pas, concernant cette série, je constitue un public facile à moi tout seul. Je suis un fanatique des histoires de justice - la « vraie » ! -, de vengeances et de revanches. Ici, je me délecte.
En deux mots - car je ne veux pas vous ôter l’honneur de découvrir de quoi l’on parle -, notre affreuse Yvonne Chen s’apprête à rejoindre un groupe qui sévit sans foi ni loi, mais tout de même avec un semblant de moral. J’ai dit « affreuse », mais c’est affectueux, j’adore ce personnage exécrable !
La complexité et le rythme de l’intrigue nous harponnent sans trop de difficulté. L’illusion est parfaite. Oui, l’illusion, car tout ce qui se passe ici n’est jamais vraiment sûr, figé ou certain. Un plan, on ne peut plus strict et rigoureux, est en cours. Mais peut-être est-ce encore autre chose …
La mission, que je découvre au fil des pages, me plaît ! Nous partons dans les Vosges et nous allons parler pinards ! Petite visite de caves ? Non, pas tout à fait. Plutôt mission d’infiltration, de surveillances et de renseignements. Franchement grandiose.
Concernant les personnages, il y en a un qui a vraiment ici la part belle. Il s’agit de l’atmosphère. L’auteur nous enfouit au sein d’un paysage austère, froid, isolé et loin d’être accueillant. Une quantité non négligeable d’éléments sont solidement assemblés pour qu’on arrive à cet état de fait.
C’est dans cette ambiance de huis clos hivernal, à mi-parcours, que Nicolas Lebel nous envoie sa première grande salve nourrie de bluff et nous enfume ! Je n’en dirai pas plus, mais ce que j’aime ça !
Un combat de titans va se dérouler devant vos yeux. Ce n’est pas le plus fort, ni le plus malin qui va l’emporter ici, mais le plus habile en dissimulation et en imposture. Anticiper sur les agissements de l’autre sera la clé du succès de l’opération. Franchement, quand j’y repense, cette trame relève du génie.
Nous vivons une enquête criminelle qui va vite, qui inclut une multitude de jeux de rôle, mais aussi moult paramètres incertains. Franchement, c’est assez étourdissant et fascinant.
Nicolas Lebel nous pousse vers un jeu dangereux, aux règles souples, élastiques et intransigeantes à la fois, dans lequel les participants devront constamment renouveler leur rôle pour survivre. C’est perturbant ! Les personnages sont bons, même très bons et ça, c’est le plus beau compliment que je puisse faire à un auteur.
Bonne lecture !