Respirer le noir - 13 auteurs du noir

Publié le par Pascal K.

Respirer le noir 
13 auteurs du noir 
Éditions Belfond / 2022
295 pages

Quelle(s) bonne(s) nouvelle(s) ! Au singulier, concernant l’exclamation de ma part en réceptionnant le bouquin ; au pluriel, pour mon constat général en tournant la dernière page.

J’ai un très grand respect pour ce genre littéraire, car la nouvelle contraint l’auteur à créer une tension, la maintenir et surprendre le lecteur en un minimum de mots. Pas facile. Dans cet univers, ça ne sert à rien de broder ou de tourner autour du pot, il faut aller à l’essentiel, pas le choix.

Ces 12 nouvelles, vous pouvez les tourner dans tous les sens, elles se dirigeront indubitablement vers l’odorat. C’est la règle dictée par Yvan Fauth, le chef d’orchestre de cet ouvrage. Je vous invite à respirer un bon coup avant de commencer, car vous aller approcher le noir de très près, peut-être parfois en apnée. Ce conseil prendra alors tout son sens.

Alors ? Quelles sont ces nouvelles ?

R.J. Ellory, avec un récit très sombre, essaye de donner un certain sens à la justice. L’histoire de Sophie Loubiere, qui sent la mort à plein nez, vous tiendra certainement en haleine. Une odeur fétide, qui ne risque pas de vous lâcher, émane de la nouvelle de Franck Bouysse. Vous respirez toujours ? Vous sentez venir la suite ?

Mo Malø nous emmène - évidemment ! - au Groenland, sur une piste olfactive, au plus proche de la planète, peut-être même de la conscience. Dominique Maisons, montre en main, nous retient 2 heures et 30 minutes avant que nous ne puissions reprendre notre souffle. François-Xavier Dillard, en collaboration avec Barbara Abel, nous emmènent au parc d’attraction. Ambiance mortelle ! 

La nouvelle d’Adeline Dieudonné restera pour moi un coup de cœur. Ce récit d’une énorme violence sociale, tiré d’un fait divers belge datant de 1914, expose avec brio les conséquences de la misère - la vraie ! -, mais aussi de l’alcoolisme qui en découle, et peut-être aussi de l’humiliation et du manque de reconnaissance que l’on peut encaisser … ou non. 

Hervé Commère déroule un récit touchant, au terme duquel le lecteur se dira certainement qu’il serait parfois judicieux de réfléchir à deux fois. Vincent Hauuy, avec une enquête futuriste, nous enfouit au plus profond de la conscience, alors que Jérôme Loubry, vous le verrez, ne vous laissera pas de marbre avec son récit.

Chrystel Duchamp nous conte une histoire d’amour éternelle. Surprenant ! Barbara Abel et Karine Giebel clôturent cet ouvrage avec un récit qui fait froid dans le dos. Oui, car la réalité, c’est bien connu, dépasse souvent la fiction.

Voilà, il y en aura je pense pour tous les goûts, bien que l’odorat soit le sens de ces histoires ! N’hésitez pas à lever la tête et humer ces effluves bien noirs qui vous conduiront vers quelques instants riches en émotions.

Bonne lecture. 

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