Somb, Max Monnehay

Publié le par Pascal K.

Somb
Max Monnehay

Éditions du Seuil / 2020
295 pages 

Une personne décidera un jour de devenir flic, car elle souhaite contribuer à rendre un monde plus juste. Une autre se dirigera vers la mécanique, car elle aime les bagnoles. Pour un psy, c’est un peu pareil, non ? Il choisira ce métier car il a certainement un truc à régler … mais avant tout avec lui-même ! Vous souriez, peut-être, mais c’est très souvent le cas, d’après le peu que j’en sais.

Ici, cette théorie sera confirmée. Victor est psychologue en milieu carcéral et il semble devoir vivre avec un troupeau de vieux démons - dans sa propre tête. Chaque jour, il se rend en moto sur l’île de Ré pour rejoindre un pénitencier prévu pour les longues peines. Son métier est d’écouter, d’encaisser, de dénouer et de redresser - l’âme ?

L’assassinat d’une personne très proche de lui va brutalement changer sa manière de vivre. Pour lui, une bouée vient de crever et de couler. L’auteur met en place un scénario très gênant, dérangeant, humainement complexe. C’est bien amené et j’aime énormément lorsqu’un ou des personnages se retrouvent embourbés dans une mélasse bien gluante. L’auteure en rajoutera tout au long du récit, jusqu’au débordement.   

Max Monnehay semble avoir une telle aisance d’écriture - j’adhère totalement ! - que cela lui permet de se focaliser sur l’essentiel, notamment sur la qualité des personnages qui dégagent énormément d’énergie ! La psychologie des protagonistes est subtile, profonde et parfois même surprenante. L’auteure semble avoir un sens inné- ou travaillé ? - de la psychologie.

L’interaction - le jeu ! - entre les personnages nous pénètre et nous implique ; c’est très profond et d’une grande sagacité ! Il y a énormément de finesse qui émane de certaines métaphores, certains dialogues et, bien sûr, de l’intrigue en elle-même. Le lecteur que je suis a senti vivre ces personnages et c’est pour moi une énorme valeur.

Le sentiment de culpabilité sera en quelque sorte le noyau de cette intrigue. L’auteure monte ici une structure qui ne démontre que trop bien à quel point un être peut être rongé par des événements accusateurs. Nous tournons ces pages avec un peu d’appréhension, mais aussi avec de la compassion, et peut-être encore de l’indulgence. Le doigt accusateur qui nous désigne parfois peut s’avérer n’être que le nôtre, surtout le nôtre, et c’est bien ça le problème. 

La notion de culpabilité plane constamment au-dessus de nous, sans jamais nous lâcher, mais peut-être aussi celle de l’amitié, déclinée dans toutes ses nuances, allant jusqu’au noir. Quelle claque.

Excellent thriller, vraiment ! Bonne lecture. 

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