L'enfant dormira bientôt, François-Xavier Dillard --- Cruel mais ô combien réel !

Publié le par Pascal K.

L’enfant dormira bientôt 
François-Xavier Dillard

Éditions Plon / 2021
334 pages

Si vous êtes à la recherche du bonheur et de la douceur, allez donc voir ailleurs. Cette histoire risque de plomber votre moral si vous êtes quelque peu sensible.

Efficace, rapide, profond et puissamment cruel. Ce sont les mots qui me viennent à l’esprit à brûle-pourpoint. Ce récit est dur, effroyable, mais ô combien réel. Oui, la vie est souvent moche et il n’est pas nécessaire d’aller chercher dans l’imagination pour basculer dans la cruauté. Il suffit d’ouvrir les yeux sur notre monde.

L’entrée en matière de ce récit glace le sang, à l’instar de celui de ces bébés qui traînent depuis belle lurette dans le congélateur d’une charmante petite famille.

L’enfant est ici à « l’honneur » et c’est un thème qui me touche. « Évidemment », allez-vous me dire. Ouais, mais ça me touche vraiment, c’est viscéral.

Ce récit place en avant l’enfance, l’adolescence, mais aussi la femme, avec ses souffrances, ses injustices et, le plus cruel, sa perte d’innocence et d’insouciance parfois bien trop prématurée. L’auteur tourne les projecteurs sur des faits que personne ne voudrait voir, ne voudrait même croire et, pourtant, ceux-ci sont tellement fréquents.

Pour vous rapporter ces faits, l’auteur ne tentera pas de vous épargner. De toute manière, il n’y a pas mille façons d’attaquer le sujet, ou alors il faudrait se taire et fermer les yeux, comme on le fait déjà bien trop souvent.

Nous aborderons des thèmes assez sensibles et parfois difficiles pour certains tels que l’adoption, la prostitution, la drogue, l’abandon, le handicap, les traumatismes ou encore la mort. Et, bien évidemment, ceci toujours lié à l’enfance ou à l’adolescence. Une épaisse détresse suinte de ces pages, lentement, mais sûrement, comme pour nous narguer. C’est plutôt dur.

A toutes ces horreurs de la vie, vous pourrez encore ajouter ici des sentiments tels que la haine, la honte, la culpabilité, la rédemption et surtout les regrets, voire le repentir. Faire du mal, il faut pouvoir l’assumer ; avoir mal, il faut pouvoir l’évacuer. Dans les deux cas, c’est souvent impossible.

L’intrigue est bien amenée. Nous suivons un fil rouge, constitué de divers flash-backs, qui nous guide vers une compréhension toujours plus claire de l’enquête - des enquêtes ! - qui nous préoccupent. Celles-ci sont dirigées par une femme de la brigade des mœurs qui n’a pas vraiment la langue dans sa poche, ni rien d’autre d’ailleurs ! Je salue le travail de l’auteur pour avoir créé un tel personnage et je m’incline devant celui-ci pour son courage, sa détermination et sa hargne. Atypique, mais efficace. Quelle flic !

François-Xavier Dillard décline la cruauté sous bien des formes, une violence souvent invisible, extrêmement sournoise. Face à la brutalité, la terreur, l’être humain se reconstruit, se déconstruit, se protège, se renferme, se défend, renonce, se bat, s’oublie, dévie dans la folie, invente des chimères mais, la plupart du temps, il ne remonte plus totalement jusqu’à la surface. 

C’est très bien écrit, c’est profond, c’est cash, c’est douloureux, c’est à lire.

 

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A
J'avais aimé Fais-le pour maman. Alors pourquoi pas.
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P
Pas encore lu, mais il m’intéresse !