Alienés, Fabrice Papillon
Alienés
Fabrice Papillon
Éditions Plons / 2021
504 pages
Croyez-vous en dieu, en notre créateur ? Ou à nos créateurs ? Qui est-il, ou qui sont-ils ? Que de questions … Vous pensez certainement avoir la réponse, car vous avez des convictions bien ancrées, non ? Avez-vous des preuves ? Bref, j’arrête-là avec mes questions mais ce récit me donne l’opportunité de les poser ! Vous verrez, ce n’est pas si simple.
Deux scènes de crimes plutôt inattendues par leurs emplacements nous incitent à tourner les premières pages avec un certain engouement.
D’abord un massacre en apesanteur, soit un astronaute éventré dans la Station spatiale internationale ISS, puis un chercheur américain étripé dans ce qu’on appelle « les arêtes de poissons », un réseau souterrain lyonnais extrêmement bien structuré, datant probablement de plusieurs milliers d’années. Notre regard sera donc dirigé là-haut, puis vers le bas. Un lien ?
Soit dit en passant, ce réseau souterrain existe réellement et reste encore aujourd’hui un mystère entier.
Dans les deux cas, suite aux enquêtes préliminaires, nous pouvons penser que la présence évidente d’un auteur reste énigmatique. Et enquêter sur un meurtre commis à plus de 400 km de la terre, dans une station internationale, ça se passe comment en fait ? Question intéressante.
Ce qui m’a totalement charmé - n’ayons pas peur des mots, et c’est très personnel - c’est de déambuler avec les flics de la PJ dans les rues de Lyon. J’adore cette ville et l’auteur la décrit d’une manière si précise et « précieuse » au niveau du ressenti que j’ai eu la réelle impression d’y être à nouveau. L’auteur nous offre une visite guidée basée sur la grandeur historique de cette ville finalement très mystérieuse.
Et ce qui m’a totalement bousculé, voire bouleversé, c’est cet enchevêtrement de théories qui nous accompagnent au fil des pages, des spéculations ou des hypothèses qui donnent carrément le tournis. Lorsque la science, la génétique et l’astronomie côtoient de près la religion ou les croyances, le résultat provoque une sacrée explosion au cœur de notre raisonnement si rationnel. Ce dernier terme, plus on avance dans le récit, plus il devient confus. Soit dit en passant, « rationnel » est ce qui se rapporte à la raison. Mais qui a raison finalement ? Je n’arrête pas de me poser cette question.
L’auteur, pourtant très imaginatif, rend cette intrigue plausible en l’assaisonnant constamment d’une bonne dose de crédibilité. De la haute voltige ! L’idée de manœuvre est très bien vue. Associer ce qui sort de son imagination à de nombreux faits aussi réels qui vérifiables, - ce qui a l’art de rendre un bon nombre d’affirmation plus que vraisemblables -, est un procédé que j’estime très habile. La frontière séparant les faits avérés des aspects purement théoriques devient bien incertaine.
Serait-ce entre ces pages que nous allons enfin avoir quelques réponses sur l’origine de notre univers ou même de l’humanité ? Fabrice Papillon va nous donner ses réponses, ou plutôt celles de ses personnages tous plus énigmatiques les uns que les autres.
Que savons-nous finalement sur notre « création » ? L’auteur remet ici tout en question, que ce soit sur nos croyance ou même sur nos certitudes bien ancrées, basées sur le rationnel, encore une fois.
Sinon, la palme d’or revient à l’un des personnages principaux. Cette flic de Lyon est une extraterrestre. Déterminée, complètement barge, un culot surdimensionné, je-m’en-foutiste ou encore dotée d’une répartie hors-pair, cette nana en fait trembler plus d’un, peut-être elle-même comprise. Cette commissaire-stagiaire, pour moi, est un énorme atout dans ce récit.
Economisez votre souffle car votre rythme cardiaque va prendre l’ascenseur à maintes reprises. L’auteur impose une cadence qui ne vous laissera que très peu de répit, à travers la France, les États-Unis, le Mexique ou encore la Russie.
Ce récit vous fera peut-être prendre - encore plus ! - conscience que notre manière de vivre – parfois à nos dépends - engendre et nourrie une gangrène qui nous bouffe à petit feu. Enfin … Pour la plupart d’entre nous. Je n’en dirai pas plus, je vais vous laisser l’opportunité de vous questionner sur le sujet, lorsque vous aurez tourné la dernière page.
Bon voyage.