Terminal 4, Hervé Jourdain

Publié le par Pascal K.

Terminal 4
Hervé Jourdain

Éditions Fleuve noir / 2020
318 pages 

Je découvre cet auteur avec ce titre et, à mon grand regret, je remarque que les personnages de ce récit ont déjà des kilomètres dans les jambes. Ce n’est pas la fin du monde mais, pour moi, qui attache une importance capitale aux personnages, c’est une sorte de faux départ. J’ai l’impression de m’immiscer dans une discussion qui a déjà débuté la veille. 

Bon, comme cette conversation semble captivante, je prends volontiers la peine de m’y joindre. Il me manquera néanmoins cette base qui m’est chère, soit l’évolution des protagonistes. Bref …

Notre territoire de lecture sera ici l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, à Paris, plus précisément le terminal 4, en voie de construction. Deux flics du 36, Lola Rivière et Zoé Dechaume, seront nos enquêtrices attitrées. Et c’est là que j’aurais souhaité les connaître davantage, ces deux nanas semblant avoir aligné un sacré parcours. Et quel tempérament !

L’incendie d’une dizaine de véhicules stationnés dans le secteur du futur chantier du terminal 4 sera notre point de départ. La découverte d’un corps calciné enfermé dans le coffre de l’un de ces véhicules annoncera l’ouverture de l’enquête.

C’est une écriture sèche et froide qui nous entraîne à travers les pages. Hervé Jourdain a choisi d’utiliser un ton haché pour façonner son récit. Cette tournure narrative - tout au présent - est en opposition avec les dialogues qui sont très riches et animés. J’adhère totalement.

Tensions entre chauffeurs de taxis et chauffeurs clandestins, rogne de militants, déterminés, cloués devant la ZAD du futur terminal 4, pressions politiques et économiques liées aux désagréments causés par l’aéroport : le voltage, réglé au max au sein de cet aéroport, engendre un climat sous haute-tension. Les conflits d’intérêt, générant une myriade de suspects, ne manquent pas.

L’enquête est réaliste, cohérente et très « accessible ». Au fil des pages, c’est devenu pour moi indéniable que c’était un flic qui était aux commandes de ce récit. Il y a ce petit quelque chose, parfois, qui fait la différence. La cohérence, justement ? Ce côté réaliste ? J’opterais plutôt pour les « sensations » de l’enquête. C’est un aspect que tu ne peux en général pas inventer. En général …

L’étau se resserre toujours un peu plus sur ce microcosme aéroportuaire et laisse de moins en moins de place - de chance ! - aux mensonges, aux fausses pistes ou aux nombreuses duplicités. L’accumulation de données, le recoupement de fragments d’éléments et les extrapolations des enquêteurs vont immanquablement faire l’effet d’un solide essorage. 

J’ai aimé cette enquête qui démontre clairement que le fait d’exploiter minutieusement les éléments, qui arrivent souvent au compte-gouttes, permet d’avancer. Il faut juste prendre le temps de les analyser, de les comprendre, tout en ayant la niaque.

Cette enquête est propre et efficace. A lire.

 

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A
Une lecture agréable, sans être époustouflante, et très réaliste, en effet.
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