La mystérieuse affaire de Styles, Agatha Christie
La mystérieuse affaire de Styles
Agatha Christie
Édition originale / 1920
Librairie des Champs-Elysée / 1932
250 pages
Ouvrir ce bouquin c’est comme pousser la porte d’un vieux grenier ! Les pages, toutes cornées, tirent davantage sur le jaune - le brun ! - que sur le blanc, à tel point qu’on se croirait face aux mains écartées d’un vieux fumeur ! Mais bon, après en avoir tourné quelques-unes, je m’y suis habitué et cela a eu comme effet de me mettre dans l’ambiance de cette vieille Angleterre !
Nous sommes ici à Styles, dans le comté d’Essex, au sein d’une vieille propriété familiale. Ça empeste l’argent, la jalousie, voire la convoitise, mais tout cela avec sollicitude, évidemment, nous sommes en Angleterre !
La propriétaire des lieux est retrouvée agonisante dans son lit, en pleine nuit. Elle mourra sous les yeux des deux médecins, sa famille, quelques amis vivant dans la propriété et ses domestiques. Elle a été empoisonnée. Reste à savoir par qui.
Notre petite détective belge, Hercule Poirot, qui ne traîne visiblement jamais loin d’une affaire intéressante, va donner un petit coup de main à la police pour dénicher le, la ou les coupables.
Fidèle à lui-même, Poirot va amorcer sa fameuse « machine à neurones », développant ainsi une perspicacité redoutable, un acharnement très prévenant, une observation quasi infaillible ainsi qu’un colossal sens de la déduction ! « Placer les pièces d’un puzzle » pour résoudre une enquête prend ici tout son sens !
Hercule Poirot cherche, observe, analyse, déduit, s’entretient et, ensuite, il sait ! C’est indéniable ! Notre narrateur, le brave capitaine Arthur Hastings, ami de la famille de la défunte et petit détective en herbe – on le retrouvera dans les polars suivants ! -, a de quoi devenir dingo à force d’échanger avec Poirot ! Ce dernier teste continuellement ses interlocuteurs, et ce sans en avoir l’air ! Toujours très amical, serviable, avenant, mais aimant conserver en son for ses petites idées et déductions ...
Agatha Christie, également fidèle à elle-même, nous offre une ambiance, une atmosphère, un lieu clos où déambulent des protagonistes aussi fourbes que dignes de confiance ! Cette politesse et délicatesse, très british, nous rendent des personnages bien lisses, respectables et même honorables pour certains. C’est typiquement dans ce genre de contexte social qu’il ne faut surtout pas se fier aux apparences ! « Des faits, rien que des faits », nous dirait Hercule Poirot !
Le dénouement relève du génie ! Tous les détails - les infimes détails ! - sont passés au crible par un Hercule Poirot qui nous dévoile tout ! Pourquoi j’emploie le terme « génie » ? Car Agatha Christie n’insère dans son récit que des éléments qui ont une influence concrète sur l’évolution de l’intrigue.
Dans cette histoire, je crois bien qu’il n’y a aucune scène qui sert de « remplissage ». Cela donne presque le vertige ... Le porte-parole de l’auteure, Hercule Poirot, nous le confirme d’ailleurs d’une manière bien théâtrale au terme de ce récit ! Agatha Christie manipule ici la loi anglaise avec brio, en jouant sur quelques failles ou subtilités. C’est bien vu !
Bonne lecture.