L'Ossuaire, Fiona Cummins
L’Ossuaire
Fiona Cummins
Éditions Slatkine&Cie / 2020
413 pages
Ce second millésime de Fiona Cummins, la suite de « Le Collectionneur », nous projette directement dans une arène bouillonnante d’émotions. Nous sommes toujours face à la disparition d’une enfant qui demeure à ce jour introuvable.
C’est lourd, c’est pesant. Évoluer à vue dans l’incertitude et dans l'ambiance de la mort « infantile » semble accentuer la gravité et nous appesantit le moral. Oui, le terme « pesant » prend ici tout son sens.
Un prédateur redoutable, qui a décidé de répartir dans le même panier la patience, la précaution et la haine, va nous confiner dans une sphère gorgée de cruauté. Une traque minutieuse est bien en place ! La rancune, la rancœur et l’acharnement vont nous attirer vers le sud de l’Angleterre, près de la côte, où tout va commencer - ou plutôt continuer ...
En marge de cette trame, l’auteur va mettre en scène une situation qui n’a rien d’une fiction mais tout d’une triste réalité, soit l’alcoolisme d’une mère vu - et subi ! - par son fils adolescent. Cet événement va évidemment faire office de pierre d’achoppement.
D’ailleurs, il faut relever le fait que l’auteure place l’enfant, l’enfance et les traumatismes qui en découlent bien en évidence dans ce récit d’une dureté non négligeable !
Ce qui m’a frappé, dans cette histoire, c’est sa monochromie, son absence de nuances. Tout est gris. Le paysage, l’horizon mais aussi le moral des protagonistes qui se fracasse la gueule contre cet horizon sans promesse. L’auteur sait planter une ambiance, c’est certain !
Lorsque je vous parlais de son premier thriller, « Le Collectionneur », je vous disais qu’elle utilisait un rythme assez lent qui passait plutôt bien ! Ici, c’est également le cas.
Mais une course contre la montre prend soudain le relais et laisse cette lente progression derrière elle. Fiona Cummins ne ménage alors pas le lecteur et encore moins ses personnages. L’espoir, tout de même assez flou - nous en devinons que les contours ! -, reste toujours présent, quelque part, mais semble pourtant s’éloigner à chaque fois qu’on s’en approche, comme s’il cherchait à nous provoquer !
L’enfant sera vraiment mis à l’honneur dans cette intrigue. Le premier rôle lui sera attribué - celui de victime et de martyr -, pour jouer une pièce macabre dont la souffrance, la peur et l’angoisse seront parmi les seules perspectives.
Cette histoire, qui tourne à la tragédie familiale, voire humaine, fait fichtrement réfléchir. Qu’est-ce qui nous pousse à propager le mal plutôt que de répandre le bien ? D’où viennent certaines pulsions ? Pourquoi ? Dans quel terreau fertile germent-elles ? Sommes-nous pleinement conscients et responsables de ce que l’on fait ? Le choix nous appartient-il réellement ? Cette trame répondra à une bonne partie de ces questions !
Cependant, si l’on s’en tient à l’intrigue, le libre-arbitre semble finalement nous appartenir à toutes et à tous, qu’importe les soubresauts existentiels ! Je n’en dirai pas plus sur un personnage qui m’a sérieusement marqué au fer rouge !
Ce bouquin, il faut le lire !
Bonne lecture.