Un lien indélébile, de Tatjana Malik

Publié le par Pascal K.

Un lien indélébile
Tatjana Malik

Éditions Mon Village / 2018
278 pages

Tatjana Malik est inspectrice à la police scientifique de la police cantonale vaudoise, en Suisse. Il s’agit ici de son premier roman.

En préambule, je tiens à relever le fait que ce polar me plait pour son côté très réaliste, factuel, pragmatique et pro. Oui, l’auteure est flic et donc, pour vous, c’est une évidence. Mais non, rien n’est joué d’avance, même lorsque l’on progresse en terrain connu.

Je suis très à cheval sur les procédures de police dans les polars, que cela soit au niveau de la tactique d’intervention, du déroulement de l’enquête ou même du raisonnement propre aux flics. Ici, je m’y retrouve totalement, je m’y vois et donc je m’y imprègne davantage. C’est un terrain que je côtoie également, vous pouvez donc me suivre sur parole.

Le prologue est un instantané de douleur, un cliché sur lequel coule pas mal de sang. Nous débarquons apparemment sur la scène d’un moment-clé, déterminant.

Retour en arrière. Jessica Aeby est inspectrice à l’Identité judiciaire (police scientifique) - tiens donc ... - et elle nous emmène directement sur une levée de corps. Une femme a été retrouvée morte dans son appartement, dans un état de putréfaction avancée. Bon appétit !

La scène est dégueu. Je ne vous la décris pas car vous pouvez l’apercevoir et l’apprécier à sa juste valeur sur la couverture de ce polar. Faite-vous plaisir ! Vous ajoutez encore le chant des mouches, la danse des asticots, les liquides visqueux aux couleurs de l’arc-en-ciel et le fumet d’une pourriture pas si noble. Oui, l’auteure nous décrit tout ceci avec moult détails qui sonnent plutôt justes.

L’enquête démarre à ce moment-là, avec les premiers éléments qui tombent entre les mains de Jess. Un curé, une éventuelle paternité, une femme dérangée dans sa tête, une autre mise enceinte très jeune, des pièces d’identité falsifiées, bref, il y a de quoi faire.

Tatjana Malik nous livre une enquête qui, encore une fois, est très concrète, vivante et surtout très vraie, à l’image des personnages qui semblent ne pas avoir besoin de l’auteure pour progresser dans cette intrigue ! Vous l’aurez compris, j’aime l’épaisseur, le caractère et la vivacité de ces protagonistes.

La trame est intéressante. En avançant dans cette intrigue, nous comprenons que c’est dans le passé qu’il faudra se rendre pour comprendre. Bien évidemment, une pression adverse sera là pour tenter d’empêcher les enquêteurs de venir déterrer un amas de pourriture qui stagne et souille le passé depuis bien trop longtemps.

Malgré le fait que le rythme s’essouffle un peu vers la moitié de l’intrigue, nous avançons tout de même d’un pas sûr vers les informations dont nous avons besoin pour comprendre. L’auteure utilise beaucoup - évidemment ! - sa spécialité, à savoir l’exploitation des traces. C’est très factuel et ça se tient.

L’ADN, très bavard, guidera les enquêteurs vers des directions surprenantes. L’exploitation de traces peut parfois surprendre mais, de toute évidence, se révèle toujours exacte. C’est l’interprétation de celles-ci qui devient parfois un vrai casse-tête !

Le dénouement est assez subtil et se tient, c’est important ! L’auteure nous noie au final dans une puissante déviance qui se joue au niveau familial.

Pour un premier polar, je dis bravo !

Bonne lecture.

Publié dans Littérature suisse

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