La vraie vie, d'Adeline Dieudonné --- Le combat inique d'une petite soldate !

Publié le par Pascal K.

La vraie vie
Adeline Dieudonné

Editions l'Iconoclaste / 2018
266 pages


Derrière cette couverture avenante aux couleurs un peu kitch - genre conte pour enfants -, se cache effectivement une enfant. Or, ce n’est de loin pas un conte de fées que vous allez suivre ici, mais davantage une saga déchirante et bouleversante.

C’est justement cette enfant, âgée de 10 ans, qui nous racontera tout, qui nous expliquera tout, qui nous foudroiera finalement sur place. Sa vie, ce n’est pas une vie, c’est de la merde. Mais comme le titre l’indique, c’est sa vraie vie et il faut faire avec ! Et finalement, pour elle, la vraie vie, c'est laquelle ?

Au départ, on sourit. Oui, car nous l’écoutons parler et c’est plein de vie, d’espoir et d’excitation. Le genre d’excitation d’une enfant qui découvre, qui s’amuse, qui aime et qui vit ! On sourit, oui, mais avec une certaine réserve, car nous comprenons assez vite que ça ne va pas ! Nous en aurons d’ailleurs assez vite la confirmation.

Adeline Dieudonné nous sert sur un plateau l’histoire d’une famille aux structures bancales et fragiles : des parents présents avec leurs enfants pourtant abandonnés. Je place ce mot en italique, mais je n’aurais finalement même pas de raison de le faire.

« La vraie vie » est un récit que vous aborderez avec colère et indignation. Cette histoire vous cogne violemment contre les jambes, vous arrache le cœur, vous retourne les tripes et vous maintient à terre. Des enfants n’ont pas le droit de vivre ce qui se passe ici !

L’auteure aborde d’une façon remarquable, il faut le reconnaître, le phénomène de la violence qui peut gangrener une famille. La violence pure et dure, mais aussi - et surtout ! - la violence engendrée par le manque de communication, de soutien, de réconfort, mais aussi le manque d’amour, de complicité, soit la perte totale de repères.

Adeline Dieudonné, avec ce récit livré par cette petite fille, nous démontre à quel point il est dur pour des petits enfants de vivre constamment dans la peur et la douleur, sans aide possible ! Mais elle nous révèle aussi quelles sont les ressources que peut développer un enfant pour se protéger face à ce climat familial intolérable.

Ce récit est l’histoire d’êtres humains qui vivent ensemble avec leurs problèmes, leur égoïsme, leurs peurs, leurs craintes, leurs douleurs, leurs rancœurs ou leurs désillusions. Je généralise mais, au bout du compte, cette histoire me fait terriblement mal. La douleur, la violence ou la tristesse engendrées à un enfant, quelles qu’elles soient, cela m’a toujours laissé un goût amer et me met dans un état proche de la haine.

Adeline Dieudonné ira encore un peu plus loin en nous expliquant peut-être comment on peut en arriver là. Il y a très souvent une explication aux actes, c’est vrai.

Dans cet amas sombre de douleurs et de violence, nous pourrons tout de même apercevoir une petite lueur, soit beaucoup de tendresse, un amour fraternel touchant et désarmant. Ce devoir inné de protection est un vrai combat, livré par une petite guerrière qui ne devrait pas se retrouver sur ce champ de bataille !

La peur, l’angoisse et l’incompréhension peuvent engendrer la violence. Nous allons le constater ici, jour après jour, page après page. Je vous disais qu’il y avait souvent des explications aux actes ? Vous en aurez la confirmation ici. Vous aurez également la garantie qu’il y a aussi des conséquences.

L’auteure extériorise ici la souffrance dans tous ses états, autant celle d’une victime, d’une proie ou que celle d’un bourreau.

Elle a su me transmettre une myriade d’émotions. Pour un premier roman, c’est très prometteur !

Bonne lecture.

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