Le sutra des damnés - Alexandre Sadeghi

Publié le par Pascal K.

Le sutra des damnés
Alexandre Sadeghi

Éditions Slatkine / 2024
431 pages

J’ai attaqué ce bouquin avec une certaine crainte, dans le sens où j’avais peur de me lancer dans du « déjà vu » ou du « déjà fait », avec tous les clichés qui vont avec. Le meurtre barbare d’un professeur en informatique, des rituels bouddhistes, une ex-flic qu’on vient rechercher pour ses compétences face à des homicides monstrueux. Bref, un mauvais pressentiment …

… Mais finalement pas vraiment justifié. L’enquête exécutée par les flics de Lausanne est plutôt bien menée par les inspecteurs et, bien évidemment, par l’auteur. Il y a du rythme, pas trop de « blabla » inutiles, bref, cela se lit plutôt bien. Concernant l’enquête en elle-même, j’ai trouvé que certains liens étaient tout de même un peu tirés par les cheveux. C’est peut-être mon côté pénible de flic qui s’exprime sur ce point précis. 

Alexandre Sadeghi mêle des crimes actuels avec des croyances bouddhistes, respectivement exécutés avec des modes opératoires se référant aux divers niveaux des Enfers. Notre flic, Kong Ling, femme chinoise établie en Suisse depuis 10 ans, fera un peu le lien entre la conduite de cette enquête et l’univers peu connu - en ce qui me concerne - du bouddhisme et de ses croyances.

Soit dit en passant, j’ai beaucoup aimé ce personnage qui progresse avec rage, avec détermination, limite avec acharnement, tout en essayant de canaliser ses tourments. Sacrée nana. 

J’ai aimé ici les difficultés liées à la victimologie, surtout lorsqu’il s’agit de proches. On n’est jamais tout à fait sûr de savoir qui se trouve vraiment en face de nous, non ? L’assassin qui est traqué dans ce récit, lui, semble le savoir. 

Malgré quelques longueurs qui m’ont tout de même fait un peu grimacer, cette intrigue nous pousse à tourner les pages pour connaître les motivations de cette personne qui semble vouloir rendre justice. La vengeance étant un thème qui me fascine, j’ai évidemment adhéré au déroulement de ce récit.

Alexandre Sadeghi, avec cette histoire déchirante, pulvérise les unes après les autres les quelques digues qui contenaient mon sentiment de révolte. C’est une émotion forte et je dois admette que l’auteur a su la faire surgir. 

Le sujet traité dans ce récit - qui n’a, d’un point de vue général, rien d’une fiction -, prouve à quel point l’être humain peut être indigne, abject et une sacrée grosse merde. A tous les niveaux de la société (regardez aussi vers le haut …). 

C’est un bouquin que je conseille de découvrir, rien que pour son casting. 

Publié dans Littérature suisse

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