Cendres ardentes - Marc Voltenauer

Publié le par Pascal K.

Cendres ardentes
Marc Voltenauer

Éditions Slatkine&Cie
398 pages 

Après être ressortis des mines de sel, à Bex, nous nous dirigeons, dans ce nouveau millésime, un peu plus à l’est. Nous débarquons en Albanie, ce qui me réjouit déjà. J’ai eu l’occasion de visiter ce pays de long en large et en travers, du coup, ça m’interpelle !

J’aime ce pays qui est historiquement farci de paradoxes et de contradictions, à l’image du dictateur Enver Hoxha, qui y a longtemps régné. Aujourd’hui, encore, l’avis des albanais est totalement partagé sur le résultat de son gouvernement. Dans ce récit, Marc Voltenauer nous explique très bien l’historique de ce pays controversé.

J’avoue avoir eu du mal à entrer dans cette histoire. Je n’arrive pas à en identifier clairement la cause, mais c’est certainement dû à l’écriture un peu trop chargée. Oui, pour moi, Marc Voltenauer entre trop souvent dans des phases descriptives, des détails qui m’occasionnent des indigestions, soit tout un répertoire didactique qui me lasse et qui m’agace.

Très souvent, au cours du récit, un personnage nous fait tout un explicatif sur une procédure, une méthode ou un lieu et cela me fait presque perdre le fil, car je suis un impatient. C’est très personnel, mais ça m’irrite vraiment. Bref.

Le début des chapitres traitant du passé s’ouvre sur un extrait du Kanun, ce fameux code albanais ancestral dont vous avez certainement déjà entendu parler et, franchement, j’ai apprécié ce détail qui est en lien avec le chapitre en cours.

Nous serons également en Suisse, de nos jours, où nous allons découvrir un corps démembré, dans un sac poubelle, flottant à moitié dans le lac Léman. Ce crime va nous faire renouer contact avec Andreas Auer, flic à la PJ du canton de Vaud, ainsi qu’avec la région de Bex, chère à l’auteur.

L’esquisse de cette trame est une affaire d’honneur et de vengeance entre deux clans familiaux. Dans certaines familles albanaises, ces éléments ne sont pas pris à la légère, mais plutôt réglés avec les tripes, pour certains, traités avec des codes stricts, pour d’autres.

Au sein de la famille Hoti, qui vit en partie en Suisse, la réponse à donner ne sera pas très claire. L’auteur casse ici un peu les préjugés que nous pourrions avoir envers la communauté albanaise et il le fait plutôt bien. Je ne peux que cautionner !

Trafics de stups, traite d’êtres humains, magouilles, nous voici embarqués au sein d’une organisation bien cloisonnée, qui nous transbahute entre la Suisse et l’Albanie. L’auteur nous y immerge totalement avec des personnages intéressants qui marquent bien les esprits.

Oui, très bon récit. Le volet lié au trafic de stup est bien réalisé - réaliste ! - et je pense être assez bien placé pour relever ce point. Mise à part ces phases bien trop descriptives ou didactiques qui m’ont plus gêné qu’ennuyé, je dois admettre que j’ai plutôt bien croché à cette histoire qui ne fait qu’accélérer.

Un bon nombre de références religieuses rythme un peu cette histoire et, pour moi, qui suis drastiquement antireligions - surtout catholique -, je me suis senti que très peu concerné. Ça, ce n’est évidemment pas de la faute de l’auteur !

J’ai aimé suivre les traces des divers enquêteurs - même une none ! - qui nous conduisent droit vers l’horreur absolue. La seconde moitié du récit prend de la vitesse et j’admets que, cette fois-ci, j’ai plutôt bien croché et je me suis même plutôt bien éclaté !

Ça va loin, très loin, dans la déchéance humaine. Vous verrez, c’est plutôt intéressant ! Marc Voltenauer a plongé la tête la première dans les abîmes – a même touché le fond ! - pour nous conter cette histoire. Humainement parlant, la teinte est plutôt sombre.

Bonne lecture. 

Publié dans Littérature suisse

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