Le gardien du phare - Edith Habersaat

Publié le par Pascal K.

Le gardien du phare 
Edith Habersaat

Éditions Slatkine / 2022
175 pages

Comme pour « Le Sphinx du laurier rose », j’ai détecté ici une écriture rapide, maîtrisée et très soignée. Trop, parfois, dans le raffinement (pour moi, évidemment). L’auteure nous dépose tout d’abord en Bretagne, au bord de l’océan, où nous rejoignons des personnages qui ont certainement beaucoup de choses à nous dire. Une jeune Gitane a disparu et, tout compte fait, la plupart de ces personnages vont plutôt garder le silence.

L’auteure, l'œil bien calé dans l'objectif, va zoomer principalement sur un adolescent de bonne famille, un jeune homme passionné, l’âme errante d’un artiste raté, rebelle, plein d’interrogations, qui aurait certainement besoin de cracher sa colère, sa rancœur, ou peut-être juste le besoin d’exprimer son envie d’exister. Un ado qui ne va pas bien … Un gamin un peu paumé, un peu con aussi, un petit imposteur qui vit avec des parents qui, sans vraiment le vouloir - pour son bien ?! - le coince toujours un peu plus vers le fond d’une cellule, sans échappatoire. 

Entre passé et présent, entre passion, rêve et triste réalité, l’auteure nous narre l’existence - une tranche de vie - d’une famille qui doit se concilier avec des faits antérieurs qui viennent sans cesse les tirer en arrière. Que s’est-il passé en Bretagne ?

L’écriture d’Edith Habersaat est dense, consistante. Inutile d’aller rechercher les dialogues, vous n’en trouverez pas des tonnes. L’auteure nous raconte, se met dans la tête des personnages, se place à chaque coin de rue, dans chaque pièce d’un foyer pour nous détailler ce qu’elle observe, ce qu’elle entend. Les personnages ne nous parlent pas, ou peu, mais nous en savons beaucoup sur eux.

Ça se lit vite, ça se lit bien. L’intrigue de base, assez effacée, troublante, plane au-dessus de nous, avec légèreté mais aussi avec une certaine constance. Je n’arrive pas à dire si cela m’a plu ou non mais, ce qui est sûr, c’est que je me suis laissé emporter par cette écriture exigeante et éloquente.

J’aime les dialogues, les interactions directes et l’action, j’aime me précipiter dans les méandres d’une enquête, soit tout ce que l’on ne retrouve pas vraiment ici. Mais, amenés subtilement, un peu en sourdine, tous ces éléments apparaissent tout de même un peu. C’est dur à expliquer. 

Au final, j’ai aimé cette écriture, cette façon de narrer une histoire, ce gros plan sur cet ado tourmenté mais, je dois dire, un peu moins la trame de base. Est-elle finalement si importante ? Bonne question. 

Publié dans Littérature suisse

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