La capture - Nicolas Lebel
La capture
Nicolas Lebel
Éditions du Masque / 2022
286 pages
Presque chaque titre de chapitres découpant cette intrigue fait référence à une phase ou à une stratégie d’une partie d’échec. « La rencontre » nous amène sur une petite île bretonne, dans les Côtes-d’Armor - endroit fictif pour cette histoire -, lors d’un enterrement. Ambiance de mort, ambiance tout court. Un décor. Cette île est une légende ! Mais pas dans le sens où vous l’entendez …
Cette île sauvage, paisible en apparence, cache pourtant dans un appartement proche de l’église deux fins limiers suréquipés qui cherchent à confondre un criminel de guerre vivant sous une fausse identité depuis de nombreuses années : le curé. La prescription est proche, il ne reste que très peu de temps.
Parallèlement, nous retrouvons la lieutenante Chen, en mode chasse, qui vit avec un goût amer et persistant coincé au fond de la gorge. Pour bien comprendre son dégoût et sa répulsion, il est judicieux de lire avant « Le Gibier », sorti l’année passée. Vous comprendrez pourquoi cette flic aussi sympathique qu’une porte de grange rouillée est aussi vénère. Sa chasse la mènera également sur notre petite île bretonne.
J’ai aimé cette mise en place de l’intrigue. Nous suivons plusieurs actions qui n’ont aucun rapport entre elles, qui ne peuvent presque pas en avoir mais qui, finalement, se rejoignent indubitablement. Vous allez me dire qu’évoluer sur un petit îlot coupé du monde, ça aide. Et c’est vrai. Du « beau » monde semble avoir fait escale sur cette petite terre de pêcheurs et l’auteur leur a donner carte blanche. Les grands et mauvais esprits se rencontrent !
J’ai aussi aimé la confusion régnant dans cette histoire. Un bon nombre de protagonistes jouent un rôle, mais pas forcément le leur. Observations, infiltrations, regards de travers, bons ou mauvais jeux de rôles. J’aime beaucoup ! Nicolas Lebel nous offre un huis clos truffé d’incertitudes dans un univers froid et rustique. Vous verrez, c’est à l’image de plusieurs serpents entremêlés les uns aux autres qui se mordent la queue.
Que peuvent bien relier de vieux documents mentionnant le sang du Christ, des crimes perpétrés durant la guerre serbo-croate, des tueurs professionnels, notre curé, cette flic très très énervée, ce brave type fraîchement décédé - peut-être pas si brave, mais vraiment mort - ou encore nos fameux agents infiltrés ?
Et bien je peux vous assurer que l’auteur va vous l’expliquer clairement, avec un récit que j’estime atypique, mettant en scène des personnages qui, chacun à leur manière, vont contribuer à vous mettre sur la bonne voie.
Je vous ai écrit plus haut ce que j’ai aimé, mais ce que j’ai adoré - et le mot est faible -, c’est toute cette machination mise en place sur cette île. Bravo aux personnages pour cette surprenante et machiavélique mise en place - en scène ! - et merci à l’auteur d’avoir créé les personnages qui ont en eu l’idée !
Si Mehrlicht était là, il descendrait directement six bouteilles de Côtes-Rôties cul-sec en crachant des noms d’oiseaux !
Un dénouement habile et touchant promet une belle relance pour le prochain roman qui ne manquera pas, j’en suis sûr, d’effeuiller davantage l’épaisse carapace de la « lieutenante » Chen.
A lire.