Reine rouge, Juan Gomez-Jurado

Publié le par Pascal K.

Reine rouge
Juan Gómez-Jurado

Éditions Fleuve noir / 2022
491 pages 

Quelle écriture ! Cela faisait un moment que je n’avais plus lu un polar avec une telle souplesse dans le ton, un tel sarcasme dans le style, des personnages hauts en couleur, touchants et sombres à la fois, suivant une trame plongeant parfois dans l’absurde, lecocasse, mais aussi dans le tragique. Et nous sommes en Espagne, cela change un peu !

Cette enquête criminelle surprend par son originalité, notamment en fonction des enquêteurs. Nous ne sommes pas derrière une brigade de la PJ, mais plutôt une équipe assez hétéroclite dont l’atout majeur est une jeune femme excentrique dotée d’un cerveau hyper fonctionnel qui tourne à plein régime. Elle n’est d’ailleurs là que pour ça. L’âme de ce personnage, d’apparence impénétrable et hermétique, sera une petite énigme pour nous.

L’auteur nous lâche dans des coins qui puent le pognon. Des familles de milliardaires semblent être la cible d’un sadique sans pitié, mais également sans mobile apparent. Il n’y a pas une grande logique dans cette affaire et c’est plutôt déstabilisant, y compris pour nous. Le mobile d’un crime reste en principe la base. C’est intéressant.

Et là, au fil de la lecture, cette souplesse de ton et ce sarcasme dans le style, que je mentionnais au début, s’amenuisent peu à peu pour ne laisser la place qu’à la souffrance, au stress, mais aussi à une certaine incompréhension.

L’auteur enclenche uniquement quelques lampes d’appoint, les unes après les autres, ce qui ne nous permet d’obtenir de la lumière que de manière partielle sur cette intrigue originale. Plus on avance, moins on en sait. Oui, évidemment, on progresse dans l’action, tout en ramassant quelques éléments au passage, mais ces fragments que nous récupérons ne nous permettent pas d’aller dans la bonne direction. Du moins, pas tout de suite.

Juan Gomez-Jurado dévoile son jeu à reculons mais, au bout d’un moment, il enclenche l’interrupteur principal et là ça pique les yeux et ça fait mal. Regarder la vérité en face peut s’avérer douloureux, mais il s’agit généralement d’un passage obligé. Pour les enquêteurs de ce récit, le mobile deviendra du coup assez évident. Et pour nous, lecteurs, cela sera une puissante stupéfaction en pleine face.

Bref, je viens de tourner la dernière page et le dénouement, qui est construit sous la forme d’une révélation, est un grand coup de bluff, et j’aime ça !

L’auteur nous annonce une suite et je dois reconnaitre que je m’en réjouis. Les personnages sont vraiment fascinants et j’ai envie d’en savoir bien plus sur eux. Cela tombe plutôt bien ! Donc, affaire à suivre …

Bonne lecture. 

 

Publié dans Littérature espagnole

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