Tiercé dans l'ordre, de Louise Anne Bouchard - Petit mais costaud!

Publié le par Pascal K.

Tiercé dans l’ordre
Louise Anne Bouchard

Éditions BSN Press / col. Uppercut / 2018
42 pages

« 42 ». C’est le nombre de pages que s’est donnée l’auteure pour nous faire galoper jusqu’à l’arrivée. Ce n’est pas de trop, mais c’est tout de même au trot que nous allons découvrir cet univers impitoyable 100% pur-sang. Son cheval de bataille sera d’être pertinente, car 42 pages, c’est court !

La collection Uppercut de cet éditeur exige notamment une intrigue brève, visant le monde du sport, où le dépassement de soi se mêle à l’intimité, l’argent ou encore le lien social. L’aliénation, qui est également un critère, devient donc presque une évidence dans ce monde de compétition.

C’est plus que de la compétition qui nous est décrit ici, dès le départ. C’est quasiment du suicide. Être jockey relève du sadomasochisme pur et dur ! Ou alors, c’est tout simplement une passion. Donc, être passionné, c’est accepter de se faire mal physiquement, mentalement et surtout dans l’âme.

Anna, jeune jockey, en sera la preuve vivante. Il faut dire qu’elle n’est pas tant à cheval sur les principes. Colérique, rageuse, têtue et fière, elle a compris que dans la vie, il faut aller droit au but, vite et sans rien demander à personne.

L’auteure a clairement choisi cette même méthode ! Non pas qu’elle soit colérique ou têtue, mais c’est clairement droit au but qu’elle va nous emmener, avec une écriture nerveuse, brute et rapide.

Thomas, quant à lui, gros parieur, il court. Il court tout le temps, n’importe où, par tous les temps, mais il ne sait pas pourquoi il court. Peut-être pour oublier ce qu’il vit lorsqu’il ne court pas. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire le parallèle avec un cheval de course qui, lui aussi, court sans vraiment savoir pourquoi.

Louise Anne Bouchard va profiter de prendre l’aspiration de Thomas pour continuer son récit. Oui, car franchement, on ne se repose pas un seul instant ! L’auteure arrive à donner une densité remarquable à cette histoire en un minimum de temps, respectivement en un minimum de pages !

Nous rencontrons encore Maggie, « Big Maggie », journaliste dans le milieu du sport.  Nous finirons même ce récit avec elle pour nous rendre compte que tout converge vers les désillusions.

Le milieu du sport de haut niveau, surtout dans l’environnement hippique, est un microcosme où règne la victoire, la joie et la satisfaction, mais aussi la haine, la jalousie, la douleur et, surtout, les déceptions et les désillusions qui amènent à la rancœur. Celle-ci est parfois tenace et peut être dévastatrice.

Récit court, intense et noir, mettant en scène des personnages carrément en sursis.

Au final, l'auteure est-elle pertinente avec ce micro-récit? Je pense bien que oui !

Bonne lecture. 

Publié dans Littérature suisse

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