Cinq cartes brûlées, Sophie Loubière
Cinq cartes brûlées
Sophie Loubière
Éditions Fleuve noir / 2020
344 pages
Ardeur, passion et barbarie. Avec une introduction nourrie de fougue et de sang, Sophie Loubière nous ouvre les pages de son thriller avec un fait divers plutôt grinçant, de quoi aiguiser notre curiosité et nous harponner en quelques phrases. Ça promet.
Le ton de ce récit, aux propos déroutants, est plutôt cash. Sans pour autant aller dans l’exagération, bien au contraire, l’auteure nous place face à une situation familiale difficilement supportable. Elle installe ici un contexte malsain et écœurant, avec grande délicatesse ! Quel subtil paradoxe ...
A l’aube de cette trame, l’innocence et la candeur s’envoleront comme deux feuilles blanches, poussées par un vent incestueux, pour s’abîmer un peu plus loin, noircies de violence, d'injustice, mais aussi de déséquilibre.
Se voir dépérir dans l'indifférence est une épreuve cruelle. Sentir un être proche - qu’on admire ! - s’en réjouir, c’est la dégringolade vers une déception ou une contrariété qu'il faudra pourtant assumer.
Le corps humain - sa carcasse ! -, son acceptation, son déclin, son dégoût mais aussi son respect (!!), sera au centre de cette intrigue, au même titre que l'addiction et ses conséquences. Compenser, encore et encore, sera sans doute ici la seule solution pour tenter de garder l'équilibre.
Lorsque les cartes de la vie sont distribuées, il y a toujours plusieurs façons de jouer, en théorie. Encore faut-il que la vie vous lâche un peu la grappe, histoire de pouvoir remonter de temps en temps à la surface pour respirer un peu d’espoir !
Ce récit, profond et bouleversant, est brillamment écrit et fait énormément réfléchir. Avec finesse, l’auteure traite ici de traumatismes, d’épreuves difficilement digérables, de blessures importantes qu’on ne peut guérir d’un simple souffle et qui sont, finalement, les conséquences inéluctable d'un mensonge.
Avec finesse, toujours, l’auteur nous déstabilise totalement en nous inoculant une bonne dose de confusion qui s’infiltre jusqu’au cœur-même de nos entrailles. Franchement, c’est bien joué et ça fait aussi mal qu’un mauvais shoot !
Sophie Loubière pose le point final avec - certainement ! - un petit sourire en coin. C’est du moins la réaction que j’aurais eu à sa place en sachant pertinemment que le lecteur restera sur le carreau en découvrant le dénouement !
Sur un plan humain, bon sang, cette histoire est extrêmement violente et déstabilisante. Les conséquences de nos actes se payent parfois au prix fort, pour soi-même, mais aussi pour les autres. À lire !
Bonne lecture.