Le livre, de Christophe Meyer --- Bon dieu, quelle course !

Publié le par Pascal K.

Le livre
Christophe Meyer
 
Editions Slatkine / 2019
325 pages

Ah j’adore ce titre ! Et, par la même occasion, j’aime aussi la couverture. Classe. Mais, à ce stade, évidemment, nous n’avons encore presque rien ! Pour le reste du boulot, Christophe Meyer va s’en charger.

L’auteur, jurassien, ancien flic à Genève, est connu pour ses chansons populaires qu’il pousse dans le Jura, mais aussi pour être derrière sa guitare au sein de son groupe punk ! Par contre, je ne le connaissais pas du tout en tant qu’écrivain.

Ouvrir « Le livre » est donc pour moi une équation à mille inconnues ! Je découvre ...

Je découvre et je suffoque, à l’instar de la personne qui se présente à nous sur la grande scène, dès le rideau levé par l’auteur. Une introduction bien amenée, bien dosée, oui ... Bien cruelle ! Et un premier coup de bluff... 

On plonge dans Le livre dans tous les sens du terme.

L’auteur nous fera pas mal voyager, dans l’espace et dans le temps. Pour ce dernier point, nous n’irons pas 10 ans, pas 100 ans, mais presque 1000 ans en arrière pour y récolter quelques éléments qui nous seront utiles afin de suivre cette intrigue.

Au niveau de l’espace, nous aurons l’occasion de traîner dans le Jura, mais aussi à Rome, puis au Vatican.

« Le livre ». L’intrigue va effectivement tourner autour d’un vieil ouvrage, dissimulé à juste titre depuis des siècles, qui n’aurait sans doute jamais dû être découvert. Oui, car il va bien sûr refaire surface, conduisant inexorablement quelques personnes vers une mort certaine. Cela sera le point commun entre le présent et le passé : la présence de ce bouquin écrit en araméen décime à tour de bras.

J’aime assez cette trame qui nous laisse clairement imaginer que le contenu d’un vieux bouquin peut sérieusement mettre en péril une partie de notre Histoire ou remettre en cause des croyances bien ancrées. Nous allons donc traverser les siècles pour essayer d’y voir un peu plus clair.

Nous allons traverser les siècles, mais nous allons également suivre les traces de Léa, jeune Jurassienne au tempérament de feu et au caractère plutôt coriace !  Ce n’est pas franchement un personnage qui inspire rapidement la sympathie mais, paradoxalement, qui sait se faire apprécier ! Cette jeune mère, caractérielle, instable, à l'humeur très variable, va tout de même réussir à nous charmer par sa grande détermination.  

Cette nana, qui attire un maximum d’emmerdes en un minimum de temps, va se retrouver dans une mouise insensée. L'acharnement rime souvent avec les emmerdes. 

Déranger l’Eglise comporte toujours certains risques. Mais, à mon sens, cela en vaut la peine ! Léa semble penser la même chose que moi et, ceci, pour mon plus grand plaisir. Mais, bien sûr, cela aura un prix. Un bruyant coup de feu annonçant le départ d'une course déjantée et dangereuse a bel et bien retenti et, à partir de ce moment, c’est débrouille-toi comme tu peux. Ça va vite et c’est intense ! Franchement, chapeau bas Monsieur Meyer !

La méfiance deviendra alors votre meilleur allié jusqu’au bout de cet ouvrage.

Christophe Meyer ! Je découvre ici son écriture et je discerne un style franchement agréable, simple, mais loin d’être simpliste, accessible mais sollicitant tout de même quelques bonnes réflexions, ou encore vivifiant, mais donnant tout de même de belles sueurs froides ! Le rythme est rapide et le ton est sec et coupant. J’adhère et j’adore.

Pour ne rien gâcher, les personnages nous offrent une belle épaisseur. La trame est consistante, rapide et revigorante.

Le fin mot de l’histoire est splendide, ce dernier terme étant pleinement assumé. Que vous soyez croyant ou, comme moi, pas du tout, vous allez - je pense - être bouleversés par ce dénouement. Il y a des choses qui nous dépassent, qui nous courent après depuis toujours et là, franchement, l’auteur nous fait, d’une certaine manière, un peu fantasmer.

Christophe Meyer nous en apprend beaucoup. Je ne sais pas ce qui est vrai, déformé, arrangé ou carrément inventé mais, très honnêtement, je n’ai même pas envie de le savoir. Tout est bien amené, étayé, c’est du bon boulot ! Le dosage entre la réalité et la fiction, cette dernière étant subtilement amenée, donne un résultat que je qualifierais d'éblouissant. 

La Suisse joue un rôle intéressant dans cette intrigue, une Suisse qui vous paraîtra peut-être un peu différente une fois la dernière page tournée. 

Bonne lecture.

Publié dans Littérature suisse

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J
Test jpk
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