Le sauveur, de Jo Nesbo
Le sauveur
Jo Nesbo
Editions Folio
Un mot sur l'auteur
Jo Nesbo est un auteur norvégien de romans policiers né en 1960 à Oslo. Il fut tout d'abord journaliste économique, puis publie son premier roman "l'Homme chauve-souris" en 1997, qui remporte un grand succès. Il obtient l'année suivante le prix du meilleur roman policier scandinave de l'année. La plupart de ses romans met en scène l'inspecteur-principal Harry Hole, bourru, alcoolique avec des méthodes peu orthodoxes, mais tout de même performantes.
Un mot sur l'histoire
En plein hiver à Oslo, l'Armée du Salut met les bouchées doubles pour aider les exclus. Un concert de charité organisé en présence du Premier ministre tourne pourtant au drame lorsqu'un bénévole s'écroule, assassiné. Ex-enfant soldat de Vukova, héros de guerre qui slalomait la nuit entre les lignes serbes pour placer des bombes sous les chars, le tueur s'enfuit. Mais, bloqué à l'aéroport par une tempête de neige, ce spécialiste de l'élimination des criminels de guerre et des pédophiles réalise qu'il s'est trompé de cible. Il décide tout de même de rester pour achever son travail.
Mon avis
Oslo, Norvège, fin décembre. Hiver glacial, neige. Gris. Les fêtes de Noël approchent. Voilà le décor, le cadre qui est planté. Belles descriptions de cette ville qui m'est totalement inconnue et qui ne fait pas forcément envie d'y aller. Le fameux inspecteur-principal Harry Hole a repris du service, contrarié, agacé. La venue d'un nouveau supérieur, très strict, avec des méthodes militaires, ne lui convient pas vraiment. Lui qui prône plutôt le fait d'y aller au feeling, ce n'est effectivement pas vraiment son trip. Mais il va s'y faire. Il est confronté à une nouvelle affaire troublante qui va lui donner du fil à retordre. Un bénévole de l'Armée du Salut est abattu en pleine rue devant des centaines de personnes, lors d'un concert de charité. Cette homme semble avoir été assassiné par un tueur professionnel, mandaté par quelqu'un. Problème, il ne s'agit pas de la bonne cible. L'intrigue tourne autour d'une sale affaire de viols.
Nous sommes longuement entraînés dans le milieu de cette organisation aidant les plus démunis. L'ambiance des refuges occupés par les toxicomanes, les sans-abris, les plus paumés est bien dépeinte et on ressent pleinement cette misère.
J'ai particulièrement apprécié la façon dont Jo Nesbo nous présente le meurtrier, ce fameux tueur professionnel. De longs passages y sont consacrés, pas mal de flash-back, de retour en arrière sur son enfance durant la guerre de Bosnie. Un enfant, surnommé "le petit sauveur" par ses compatriotes, qui a dû apprendre à se battre, à survivre à cette horreur. L'auteur nous emmène dans l'atmosphère de cette guerre de l'ex-Yougoslavie, juste ce qu'il faut pour pouvoir cerner le personnage. On s'y attacherait presque? Possible. Mais j'avoue que cela me met mal à l'aise de ressentir un certain attachement pour un tueur. D'autant plus qu'il poursuit ses crimes avec effroi, enfin, c'est du moins ce que l'on croit... N'oublions pas qu'il y a un commanditaire quelque part...
L'inspecteur Harry Hole et ce tueur vont jouer au chat et la souris et j'avoue m'être passablement ennuyé durant bien quelques pages. La chasse à l'homme ça va un moment, ensuite ça a tendance à m'agacer. J'hésitais presque à abandonner le bouquin car vers les 3/4 de l'oeuvre, je pensais pouvoir inventer le dénouement moi-même tellement ça me semblait évident.
MAIS je me suis complètement planté! Jo Nesbo, qui baissait à chaque page un peu plus dans mon estime, a su montrer à quel point c'était un maître! Les événements prennent une tournure dont je ne me serais jamais douté, et c'est assez effroyable au bout du compte.
J'ai apprécié le voyage de Harry Hole à Zagreb durant son enquête. J'ai apprécié le côté humain de Harry, comme d'habitude. Son combat contre "ses clébards intérieurs", respectivement son combat contre l'alcool. Et j'ai adoré les changements de séquences que Jo Nesbo maîtrise avec un certain Art. Dans un même chapitre, plusieurs narrateurs se succèdent et c'est présenté avec brio.
Pour conclure, si vous voulez vous lancer dans ce roman, soyez un peu patient, pas très captivant durant bien quelques pages. Mais vous ne serez pas déçu au final.